19 avril 2016
Cacophonie
C'est un de ces jours où le monde hurle.
Je hoche la tête en essayant de me concentrer sur ce que mon ami Florent m'explique. Je déteste parler et sentir qu'on ne s'intéresse pas à ce que je raconte, alors je fais de mon mieux.
Je me bouche une oreille du mieux que je peux pour tenter de faire baisser le volume du groupe de nanas hilares à ma droite. Elles sont légèrement dans mon dos, juste assez pour que je ne puisse les apercevoir que du coin de l’œil tout en ayant l'impression qu'elles sont toutes les quatre perchées sur mon épaule en train de brailler.
Ma technique fonctionne, le volume des pimbêches diminue... Mais aussitôt mon oreille gauche prend le relai, m'envoyant un maximum d'informations sur les deux groupes d'amis qui picolent eux aussi en terrasse et sur leurs débats (l'un parle politique, l'autre décoration).
Encore pire, les voitures qui passent sur la place vrombissent et klaxonnent apparemment directement dans mon cerveau et l'assemblée générale du rassemblement Place de la République se fait entendre en fond et ... J'aimerais bien que le monde se taise.
Florent continue son histoire et je me concentre sur sa bouche, histoire de pouvoir lire sur ses lèvres à défaut de bien l'entendre. Mon cerveau refuse de filtrer les informations, et les conversations de nos voisins de terrasse se mêlent à l'influx de stimuli que je dois traiter, que je le veuille ou non.
Le timbre de voix d'une des filles à droite m'horripile. J'ai l'impression que le son s'insinue en moi au niveau de mes épaules et menace de sortir de mon corps en se frayant un chemin à travers ma peau. Ses paroles grattent de l'intérieur, au niveau de mes clavicules, et PUTAIN ARRÊTEZ DE KLAXONNER BORDEL !
Hyperacousie. Mettre un nom sur le que je pensais être une simple forme d’agoraphobie, provoquant des crises d'angoisse dans les réunions où des gens s'engueulent, ou dans les métros bondés où tout le monde parle trop fort, n'avait rien changé au problème.
Il y a des moments ou j'aime bien mon super-pouvoir : quand je maîtrise le truc, c'est assez marrant de pouvoir suivre deux ou trois conversations en même temps.
Et puis la musique...
Si les gens normaux n'entendent pas tous ces bruits assourdissants et abrutissants, peut-être n'entendent-ils pas la musique comme moi ? Parfois comme un fond sonore pour meubler, parfois comme une barrière avec le monde extérieur pour se concentrer... Et parfois comme une vraie expérience religieuse, où pendant quelques instants, le monde ne hurle plus.
Il chante pour moi.
[Le 19 avril 2016, je me suis lancée dans un challenge nommé #the100dayproject.
Le but du challenge est de produire quelque chose, chaque jour, pendant 100 jours.
Alors j'ai décidé que tous les jours, pendant 100 jours, j'allais choisir un mot et écrire un texte dans mon carnet.
Peu importe s'il faisait 3 lignes ou 3 pages.
Voici le résultat.]
1 commentaire:
Voilà un challenge ambitieux. Mais que je suivrais attentivement.
Je trouve tes textes, vraiment de qualité. Voyons avec la quantité…
Bon courage, bonne muse.
Enregistrer un commentaire