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samedi 28 mars 2020

[En suivant la piste] - Texte 6 - Hier Encore


Hier encore - Charles Aznavour

Tant de personnes sont plus jeunes que moi désormais. Cet acteur et ce collègue et cette jeune femme et l’enfant qu’elle tient.
La mesure de ma vieillesse se fait ainsi, chaque jour des gens plus vieux que moi partent pour ne plus jamais revenir tandis que d’autres viennent grossir les rangs des plus jeunes. Des plus jeunes que moi.
Et je perds mon temps à leur envier ce temps que je n’ai plus et ces premières fois gâchées. Et je gaspille ce qu’il me reste à regretter ce que je n’ai pas eu, ce que je n’aurai plus.
La jalousie du temps ronge mes journées et brûle par les deux bouts une chandelle déjà bien courte. Et les plus jeunes m’envient le fait d’être adulte en ne sachant pas profiter de leur enfance. Et les plus vieux jalousent le temps qu’il me reste et qu’ils ont déjà dépensé.
Et courant à notre fin en essayant de la retarder, nous gâchons notre temps à déjà le regretter.


[Blablabla texte 6, blablabla confinement, blablabla "En suivant la piste...".
Chaque jour je choisis une chanson et j'improvise un texte dessus, 
directement dans mon petit carnet, puis je recopie et publie ici.
Aujourd'hui, du Charles Aznavour, parce que bon sang que c'est beau 
La bise !]

vendredi 27 mars 2020

[En suivant la piste] - Texte 5 - King Of The Clouds


King Of The Clouds - Panic! At The Disco

Tout est en coton autour de moi. Je me redresse aisément.
Tout est simple, il suffit de me penser debout et je le suis.

Mes pieds sont perdus dans la fumée blanche, mais j’ai l’habitude, tout va bien, rien n’est inquiétant.
Les couleurs sont bien plus vives que sur la Terre. Ou que dans la réalité. Ou que quand je suis réveillée.
Je ne suis plus trop sûre de faire la différence.

jeudi 26 mars 2020

[En suivant la piste] - Texte 4 - Secretly


Secretly - Skunk Anansie

Ton côté du lit est si vide que j’ai l’impression d’entendre ton absence.

Je pensais que ces soirs-là, ceux où tu allais “sortir”, seraient emplis de silence. Au lieu de ça, il est deux heures du matin et ta place froide siffle comme un hurlement continu. Le son est strident, je grimace en fermant les paupières de toutes mes forces. Il faut que je dorme.
Mais impossible. L’intérieur de mes foutues paupières sert de toile à une projection privée de tout ce que j’imagine.

mercredi 25 mars 2020

[En suivant la piste] - Texte 3 - Never Let Me Down Again


Never Let Me Down Again - Depeche Mode

La ville disparaît peu à peu. Les lumières se font éparses puis rares puis inexistantes.
Je suis content de ne pas avoir à conduire. Mes mains tremblent encore, je ne sais pas si j’aurais réussi à faire démarrer la voiture.

mardi 24 mars 2020

[En suivant la piste] - Texte 2 - Celebrity Skin


Celebrity Skin - Hole

Je tartine une couche de maquillage sur ce visage qui n’est de toutes façons plus le mien.
J’appuie un peu sur mes joues. Je ne sens pas mes doigts s’enfoncer dans la chair. Peut-être à cause de la drogue -pardon, des médicaments pour gérer mon angoisse-, sûrement aussi à cause du botox.
Je repasse une épaisseur de crème pour ensevelir tout ça.

Est-ce que la moi de dix-sept ans, celle arrivée ici pour devenir riche et célèbre, serait fière de ça ? Fière des matins qui s’étirent jusqu’à 14h parce que je n’ai pas la force de sortir du lit ?
Fière de ce visage qui ne ressemble plus à celui de ma mère ?
Fière de la chair en moins ici, remplacée par du plastique en plus ailleurs ?
Sûrement.

Après tout, c’est cette petite conne écervelée qui a pris les mauvaises décisions avec lesquelles je dois vivre.


[C'est le confinement, on est tous coincés chez nous et moi je n'ai plus de boulot.
Donc voici le 2ème mini texte d'une série nommée "En suivant la piste...".
Le principe est simple : chaque jour je choisis une chanson et j'improvise un texte dessus, 
directement dans mon petit carnet, puis je recopie et publie ici.
Prenez soin de vous (et faites des câlins en commentaires, 
c'est garanti compatible avec les distances de sécurité ♥)]

lundi 23 mars 2020

[En suivant la piste] - Texte 1 - Upside Down


Upside Down - The Story So Far

Je n’aurais jamais dû écrire cette chanson.
A l’époque, c’est tout ce à quoi je pouvais penser, et il fallait que je l’écrive et que je l’enregistre. Mais je n’aurais pas dû la publier.

Visiblement, ma détresse, ma colère et ma solitude avaient trouvé écho chez de nombreuses personnes. Le groupe avait trouvé la gloire du jour au lendemain. Et moi… j’étais devenu une star.
Ça m’avait fait du bien au début. Cette chanson étalait notre rupture dans les plus sanglants des détails. C’était une autopsie en rotation sur toutes les fréquences radio. J’étais ravi.

lundi 16 mars 2020

Comme un bonsaï

Quand j'étais enfant, on m'a offert un bonsaï.

Je ne me souviens pas très bien de quel type d'arbre il s'agissait, mais le pot en céramique dans lequel il était planté était d'un superbe bleu roi. 

A l'époque, je pensais que le bonsaï était une espèce d'arbres minuscules à vie. Qu'ils étaient naturellement comme ça. Un peu comme l'épagneul papillon de mes voisins qui était une version miniature du colley de ma tante. Pareil, mais en petit.

Et puis un jour, on m'a appris qu'en fait, pas du tout. Pour faire un bonsaï, on manipule un arbre "normal" pour qu'il ressemble le plus possible à un arbre adulte épanoui dans la nature... tout en faisant en sorte qu'il prenne peu de place.
On le taille d'une certaine façon, on le met dans un pot penché, on force ses racines à remonter en surface, on dirige ses branches et son tronc pour qu'ils prennent une forme adaptée.
C'est un art.

Et en ce moment je me sens un peu comme un bonsaï. Incapable de prendre de l'ampleur, taillée quand je commence à m'étaler, ramenée à mon apparence, à l'étroit dans un pot trop petit.
Et je m'écrase de plus en plus, en tirant même une certaine satisfaction. "Regardez comme ma branche est tordue dans une posture inconfortable mais visuellement plaisante !" "Admirez comme je me rapetisse pour vous, majestueuse dans mon espace restreint !" "Voyez comme je laisse vos mains me modeler comme si j'étais vôtre."

A l'étroit dans mon écorce biscornue et fière me plier à vos regards. Une version portable, facile à gérer, agréable en décoration.

Parfaite imitation de l'arbre adulte épanoui dans la nature.



lundi 21 janvier 2019

La saison des Brises-Roches

Lorsque tu es parti, je ne m'en suis pas tout de suite rendue compte.

Cette saison était toujours la plus dure des six, celle balayée par d'inépuisables bourrasques de cailloux. Les pierres, parfois à peine des grains, parfois galets entiers soulevés sur des kilomètres par les vents, nous giflaient les joues à peine le nez mis dehors.

J'y avais presque perdu mon œil, la première année. Depuis, je redoutais particulièrement la saison des Brises-Roches.

Alors quand je m'étais levée ce jour là et avais vu le compartiment dédié à ton équipement vide, je ne m'étais pas posée de questions. Tu sortais souvent à ma place pour chasser ou trouver du matériel pendant cette saison. Parfois tu n'avais même pas à chasser. Un matin, tu avais trouvé un gros animal inconnu, à quelques mètres de notre porte. Un rocher lui avait fracassé le crâne.

Je savais donc que tu étais parti.
Je ne pensais juste pas que tu étais parti.

mardi 27 juin 2017

Canicule



Il fait plus frais dehors que dedans maintenant.
La canicule a pris fin il y a plusieurs jours déjà, mais elle ne semble pas vouloir quitter l'appartement. Alors je la supporte comme une colocataire indésirable.

Tous les soirs, je me couche dans un lit tiède, comme si je prenais la place d'un autre corps. Les murs dégagent une chaleur sourde, écho d'un été qui n'a de cesse d'engourdir le contreplaqué. Quand je les frôle, je sens leur torpeur, inconfortable. Une sieste sous un soleil trop accablant. Trop lourd pour être agréable. Trop étouffant pour bouger.
Alors je m'allonge sur ce matelas qui exsude une chaleur étrangère et je m'y enfonce lentement.

J'attends que cet appartement refroidisse, redevienne normal.
J'ai du mal à dormir depuis plusieurs jours déjà.
C'est comme si les pièces étaient habitées par quelqu'un d'autre que moi, comme si une présence refusait de quitter mes murs.

Comme si le squelette brûlait toujours sous la chair.


lundi 17 octobre 2016

Le prix de la sérénité


Ça fait des semaines que je n'ai pas regardé mon compte en banque.
Je m'en suis rendue compte parce que les impôts ne m'ont toujours pas été prélevés.
Je ne sais pas depuis combien d'années j'avais pu passer un mois sans vérifier que je n'étais pas au bord du découvert. Mais maintenant ça va mieux. J'ai un boulot stable, je suis bien payée, je respire.

Je respire et j'étouffe.

vendredi 7 octobre 2016

Ville surprise - Picolécrire

Avec le formidable Félix, nous faisons de temps à autres des soirées "Picolécrire".
Le principe : discuter écriture ou (mieux) écrire, en buvant un coup (ou cinq) avec un.e ami.e.
Hier nous étions dans une brasserie et nous sommes lancé un mini-défi : écrire sur un bout de papier fourni par notre serveur une histoire tenant sur le recto. J'ai choisi le nom "ville", et lui l'adjectif "surprise".

Voilà ce que j'ai écrit (transcription ci-dessous si vous n'arrivez pas à déchiffrer mes hiéroglyphes).


Le jour se leva sur nous tous une fois de plus. Des télés furent allumées, des réseaux sociaux furent ouverts au-dessus d'un café. C'est ainsi que ceux qui n'avaient pas reçu de "Oh mon dieu, tu vas bien ?!" se réveillèrent.
La nouvelle heurta la surface de ma matinée et éclaboussa le reste de mon existence. Vous prendrez bien un peu de panique avec vos croissants ?
Le bruit ne m'avait même pas réveillée. Je dormais avec des boules quiès depuis que mon voisin travaillait de nuit.
Le jour se leva sur Paris, sur les deux parties de Paris.
La ville rasée par cette bombe et l'autre ville. La ville surprise.

mercredi 17 août 2016

Six-Word Story [2]

"Can't sleep. The universe is humming."

"Impossible de dormir. L'univers bourdonne."


[Ma préférée jusqu'ici, mais la traduction française tombe à plat...
En 2006, le magazine WIRED a demandé à plusieurs auteur.e.s de science-fiction de se prêter à l'exercice d'écrire une histoire en 6 mots. J'ai décidé de me prendre également au jeu.
Je partagerai certaines de mes #6WordStory ici. D'autres seront sur Twitter.
]
 

vendredi 12 août 2016

Six-Word Story [1]

"Mission accomplished. ...Can I die, now?"

"Mission accomplie. ...Je peux mourir, maintenant ?"


[Plus petite que la nouvelle, il y a la micronouvelle.
L'exemple le plus connu est le fameux "For Sale: baby shoes, never worn." (A vendre: chaussures bébé, jamais portées), une histoire en six mots attribuée à Ernest Hemingway. 
En 2006, le magazine WIRED a demandé à plusieurs auteur.e.s de science-fiction de se prêter à l'exercice. Mon ami Silver a partagé cet article aujourd'hui et ... j'ai décidé de me prendre au jeu.
Je partagerai certaines de mes #6WordStory ici. D'autres seront sur Twitter.
]

mardi 7 juin 2016

100 jours, 100 textes : Cassée


28 avril 2016 
Cassée

J'en ai appris beaucoup sur moi ces dernières années.
Ces découvertes se sont faites à marche forcée, dans la douleur et la tristesse. J'ai dû faire le deuil de cette partie de moi qui n'existerait probablement jamais, le deuil de l'avenir que je m'étais imaginé. Et puis vivre avec ce bout de moi, ce poids mort, que l'acceptation érode peu à peu.
J'espère qu'elle en viendra un jour à bout et que je pourrais me regarder dans le miroir sans penser à ce mot : cassée.

Je viens de me rendre compte qu'il va falloir faire le deuil d'autre chose. Il est probable que plus jamais personne ne me dise "je t'aime". C'est tout bête, mais ça ne m'avait jusqu'ici jamais traversé l'esprit. Je l'entendrais sûrement de la bouche de ma mère, de celle de mes amis, peut-être, mais ça sera tout.
Je n'aurais personne à qui le dire non plus. Personne à regarder avec cette adoration totale et acceptation complète en pensant "Mon dieu, comme je l'aime...".
C'est ça aussi, se sentir cassée : c'est regarder une partie de soi qui avait l'air intacte et la trouver pleine de micro-fissures. Et espérer que le temps les remplisse et les lisse.

Avant qu'elle ne brisent pour de bon.


[Le 19 avril 2016, je me suis lancée dans un challenge nommé #the100dayproject. 
Le but du challenge est de produire quelque chose, chaque jour, pendant 100 jours.  
Alors j'ai décidé que tous les jours, pendant 100 jours, j'allais choisir un mot et écrire un texte dans mon carnet. 
Peu importe s'il faisait 3 lignes ou 3 pages.

100 jours, 100 textes : Soulager


27 avril 2016 
Soulager

"C'est le dernier pour ce soir, Aloïs. Tu veux de l'eau ou quelque ch...
- Non. Non c'est bon. Fais-le entrer.

Emeric sort de la pièce pour aller chercher le dernier patient de la journée. Je m'effondre au sol dès qu'il a passé la porte.
Mes mains tremblent de façon incontrôlable, pas juste des tressaillements mais de vrais soubresauts violents, en continu. Il faut que je dorme. Plus qu'un et je dors.

dimanche 5 juin 2016

100 jours, 100 textes : Bougies


26 avril 2016 
Bougies

Je trouve qu'il y a quelque chose de rassurant dans le fait que nous ayons tous peur du noir.
L'humanité entière a, à des niveaux différents, cette angoisse innée de l'absence de lumière.

C'est pourquoi il y a quelque chose d'étrangement apaisant dans les bougies. Loin des néons blafards, de la violence d'une flambée ou de la toute puissance du Soleil, les bougies sont cette minuscule flamme, ce petit bout de feu maîtrisé, qui éclaire, réchauffe et rassure.

Tant de bons souvenirs sont liés aux bougies dans mon esprit : les anniversaires, certes, mais aussi la paix totale et la foi inébranlable de la crypte dans cette église de Montréal. La lumière douce des veilleuses éclairant les dizaines de cannes laissées là par des croyants guéris. Mais aussi l'étrange chaleur entourant la Place de la République en cette fin de mois de novembre, une odeur de cire flottant dans l'air à plusieurs mètres du monument illuminé. L'odeur de l'espoir, du pardon et de la résistance.

Il y a quelque chose de rassurant dans le fait de savoir que nous sommes égaux devant la peur du noir.
Mais ce qui est encore plus beau, c'est le sentiment de sécurité que l'on ressent en se rendant compte que, bougie par bougie, petite flamme par petite flamme, l'humanité conquiert ses peurs et fait reculer l'obscurité.


[Le 19 avril 2016, je me suis lancée dans un challenge nommé #the100dayproject. 
Le but du challenge est de produire quelque chose, chaque jour, pendant 100 jours.  
Alors j'ai décidé que tous les jours, pendant 100 jours, j'allais choisir un mot et écrire un texte dans mon carnet. 
Peu importe s'il faisait 3 lignes ou 3 pages.

samedi 4 juin 2016

100 jours, 100 textes : Cafard


25 avril 2016 
Cafard

Je comprends pourquoi l'état d'esprit a été nommé comme l'insecte. Le cafard est une petite bête noire et insidieuse.
Parfois, tu penses l'avoir vaincue, tu crois qu'elle a disparu pour de bon... mais c'est faux. Elle est toujours là, planquée dans un coin sombre de ton esprit ou de ta cuisine.
Coriace et résistante, elle s'accroche et peut apparaitre soudain, dans la pièce la plus propre de la maison comme dans la plus jolie journée de ta semaine. Elle repartira bien vite se planquer dans un coin mais, ne t'y trompes pas.
Elle est cachée, mais elle est toujours bien là.


[Le 19 avril 2016, je me suis lancée dans un challenge nommé #the100dayproject. 
Le but du challenge est de produire quelque chose, chaque jour, pendant 100 jours.  
Alors j'ai décidé que tous les jours, pendant 100 jours, j'allais choisir un mot et écrire un texte dans mon carnet. 
Peu importe s'il faisait 3 lignes ou 3 pages.

vendredi 3 juin 2016

100 jours, 100 textes : Erosion


24 avril 2016 
Erosion

Je suis toujours surprise par la force brute des éléments. Au cours des millénaires, ma vallée a tant changé. La rivière a creusé son lit, toujours plus profond. L'eau et le vent ont emporté des pans entiers de falaise, emmenant parfois des bouts de ma maison dans leur chute.
A chaque fois je reconstruisais, j'adaptais, j'améliorais. Au fil des années, les humains en ont fait autant.
Et puis, ils ont commencé à en faire plus. Des édifices toujours plus hauts ont été bâtis, puis des routes, toujours plus larges ont été creusées dans la vallée, pour relier les villes des hommes. De temps en temps, les éléments se rebellaient, détruisant les villes des hommes et emportant avec eux routes, maisons et humains.
Mais les hommes, plus coriaces que le pire des lierres, revenaient toujours, reprenant du terrain sur la nature, érodant la vallée plus violemment qu'aucune rivière. Alors je suis une peu contente aujourd'hui de voir la nature et les éléments reprendre leurs droits. Ça a pris quelques millénaires de plus , mais tous les hommes ont enfin disparu.
Depuis ma maison sur la falaise, j'observe la pluie tomber doucement sur la rivière, faisant grossir son lit. Les éléments sont bien plus patients que toutes les espèces intelligentes qui auraient pensé dominer le monde.
Et je suis encore plus patiente que les éléments.


[Le 19 avril 2016, je me suis lancée dans un challenge nommé #the100dayproject. 
Le but du challenge est de produire quelque chose, chaque jour, pendant 100 jours.  
Alors j'ai décidé que tous les jours, pendant 100 jours, j'allais choisir un mot et écrire un texte dans mon carnet. 
Peu importe s'il faisait 3 lignes ou 3 pages.

jeudi 2 juin 2016

100 jours, 100 textes : Foi


23 avril 2016 
Foi 

Un groupe d'adolescents croise mon chemin en montant vers la chapelle. Ils ont des sacs à dos d'étudiants et des chaussures trop jolies pour être confortables sur de longues durées. Ils ne font donc pas le pèlerinage.
Deux des jeunes filles lèvent les yeux vers moi. L'une esquisse un sourire que je m'apprête à lui rendre quand je la vois se pencher vers son amie. Elle lui chuchote quelque chose à l'oreille et l'ado éclate d'un rire cristallin qui se réverbère sur les hautes parois des monuments de la rue.
Elles se penchent l'une vers l'autre en riant, comme pour se soutenir au cas où leur fou rire les ferait trébucher.
Elles se moquent de moi.

mercredi 1 juin 2016

100 jours, 100 textes : Paysage


22 avril 2016 
Paysage 

Tu dors sur le ventre, allongé à côté de moi. Les couvertures sont quelque part en tas au pied du lit et, bienheureux, tu soupires dans ton sommeil, dans l'air doux du samedi après-midi. Le jour filtre paresseusement entre les épais rideaux, comme si le soleil essayait de se frayer un chemin pour nous rejoindre.
J'ai envie de toucher. La peau de ta nuque, de ton dos, de tes fesses et de tes jambes s'offre à moi, tentante. Et ce paysage... Ton dos tatoué est comme une fenêtre ouverte sur une forêt. Des arbres, au fond une montagne, en contrebas un ruisseau. Tout est vert et bleu et dense et vibrant. Je pourrais m'y pencher et sentir sur ta peau la brise fraîche et le parfum de la résine.
Je me redresse un peu plus, adossé à la tête de lit. Tu es la seule vraie oasis de couleur dans ma chambre faite de gris et de blanc. Les rayons se faufilant à travers les rideaux enflamment la poussière volante d'une vibrante couleur orangée. On dirait qu'il pleut de l'or sur l'étendue de la forêt.
Ta peau prend feu sous mes yeux.


[Le 19 avril 2016, je me suis lancée dans un challenge nommé #the100dayproject. 
Le but du challenge est de produire quelque chose, chaque jour, pendant 100 jours.  
Alors j'ai décidé que tous les jours, pendant 100 jours, j'allais choisir un mot et écrire un texte dans mon carnet. 
Peu importe s'il faisait 3 lignes ou 3 pages.