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vendredi 2 décembre 2011

Coup de chance

[Musique, et un message important à la fin du texte.]


        L'après-midi traîne en longueur. 
J'ai passé la plus claire partie de ma journée à zapper de chaîne en chaîne. Ma tasse de thé est vide mais je n'ai pas le courage de me lever pour aller la remplir à la cuisine.
        J'aurais probablement dû aller au travail ce matin quand Mark m'a annoncé que son jour de congé venait de s'évaporer avec l'arrivée d'un nouveau gros contrat à l'agence. Notre journée farniente en amoureux s'était soudain transformée en journée "Diego mange des cochonneries en pyjamas devant la télé".

Je suis là, affalé dans le canapé devant une telenovela débile, lorsque la porte d'entrée claque, me faisant sursauter.
        - Diego ? demande une voix depuis le couloir.
        - Ouais, j'suis dans le salon !
Mark entre dans la pièce, tenant d'une main le manteau qu'il vient d’ôter. Il s'arrête un instant, interloqué, embrassant d'un regard l'état général du salon. Je ne dois pas être au summum de mon sex-appeal...
        - Qu'est-ce que tu fais ? Tu es prêt ?
Je détourne à peine mon regard de l'écran de télé. On va enfin savoir qui est le père de Veronica...
        - Hein ? Prêt pour quoi ?
Il y a un long silence et je commence à me demander si Mark n'a pas quitté la pièce lorsqu'il entre dans mon champ de vision, se plaçant entre ma série et moi.
        - Mark ! Je vois plus rien là ! Pousse-toi, c'est le dénouement du truc !
Je me tortille sur le canapé, me dévissant le cou pour voir l'écran tout en vociférant mais Mark ne bouge pas d'un iota. Il m'exaspère !
        - Maaaark !
Son expression est mortellement sérieuse et je me demande soudain si je n'ai pas fait une bêtise... Notre anniversaire était il y a deux mois et j'y ai miraculeusement pensé donc ce n'est pas ça...
        -Tu te fous de moi, Diego ! Luis rentre à l'hôpital demain. Sa soirée de départ est ce soir. Je te l'ai répété au moins dix fois cette semaine...

dimanche 24 janvier 2010

Ceux qui vivent

(Musique =>Burn My Shadow<=) C'est l'été. Les touristes débarquent avec leur cohorte de plaques d'immatriculation sans queue ni tête, leurs parasols et leurs gamins blancs et bruyants. Les vieux du coin restent assis sur leur banc, chapeau vissé sur le crâne, s'épongeant le front de temps à autres. Les jeunes déjà bien bronzés se baladent en petits groupes, riant derrière leurs lunettes de soleil.

J'observe la plage depuis la fenêtre de ma chambre. La maison de vacances est vide, fraîche malgré la chaleur extérieure et sent un peu le renfermé. Personne n'y a mis les pieds depuis des mois, personne n'a vraiment eu le temps de prendre des vacances.
Ce n'était pas non plus mon intention à la base, mais après trois mois à me morfondre au vignoble, déprimant tout le monde, mon frère m'a aimablement foutu dans un train en direction de la côte. Ma mère a crié au scandale, craignant sûrement que je ne profite de ma solitude pour me défenestrer ou quelque chose comme ça, mais a fini par me laisser partir en me rappelant d'appeler tous les soirs. Ou avant de sortir, si je sortais. Sortir, cette bonne blague.
Je n'ai même pas pris la peine de défaire ma valise ou de faire des courses. Je n'arrive pas à croire qu'il y a à peine un an, j'étais dans cette même maison en vacances avec mon frère, et que nous sortions boire le soir, manger dans les petits restaurants du remblais, marcher sur la plage.
Maintenant, sortir m'épuise. La foule, le bruit, les jeunes, les vieux et les touristes, tout ça me rend malade. Vincent dit que je dois me secouer, me reprendre, que je ne suis pas mort moi. Ce n'est pas faux. Mais comment faire? La vie me rend malade. Les gens me donnent la nausée.

"Driiiiiing"

Je sursaute au son strident du carillon de la porte d'entrée. Je n'ai rien commandé, personne ne sait que je suis là... Du porte à porte? Des témoins de Jéhovah? Je me traîne jusqu'à l'entrée et jette un coup d'œil à travers le judas de la porte.
De l'autre côté du panneau de bois, Anne-Sophie et Matthieu, mes cousins, piétinent. Pour le principe, Anne-So réappuit un grand coup sur la sonnette, me vrillant les tympans. Ma mère a dû les prévenir que j'étais arrivé. Ou Vincent.
"Rémy, c'est Matthieu, ouvre!" râle mon cousin.

J'ignore leurs appels et retourne dans ma chambre. Ils finiront bien par se lasser. Tout le monde finit par en avoir assez de mon silence et par abandonner l'idée de me sortir de ma léthargie. Personne n'a l'air de comprendre que j'ai envie d'être seul, pas envie de leur compassion, de leur gentillesse ou de leur pitié. Je veux juste qu'on me laisse seul avec mes fantômes.
Après dix minutes passées à sonner et brailler, mes cousins finissent par partir. J'envoie aussitôt un texto à ma mère histoire qu'elle n'appelle pas la police ou le SAMU.
"Je vais bien, pas la peine d'envoyer toute la famille sonner à la porte."

J'espère que ça sera assez clair. Je balance le téléphone portable sur la valise ouverte.

Le soleil se couche lentement au bout de la jetée, et je m'assieds sur le lit pour observer ceux qui vivent. Les touristes qui se dirigent vers les restaurants, les vieux qui rentrent regarder les informations et les jeunes qui préparent un pique-nique sur la plage.

J'en ai marre qu'on me pousse à être comme eux. Je reviendrai à la vie quand j'en aurais envie.
Quand je n'aurais plus le choix.
Quand je le pourrais...




[Rémy le Joyeux, remontage de moral et bonne humeur, pour vous servir...
Enfin bref, un texte, avec dedans le monsieur qui va pas très fort à cause de ça. Et ça se passe après ça aussi.
Ecrit direct sur blogger après une sieste, donc bah oui va y avoir des fautes. Tchuss.]

vendredi 9 janvier 2009

Presque.

Fond sonore

Sonnerie.

Sonnerie.
….
Sonnerie.


- Oui?
J’entends comme un soupir de soulagement à l’autre bout du fil.
- Azu… C’est moi…
- ... Une seconde.

Je m’extrais péniblement du lit, m’emmêlant dans les couvertures. Otis grogne en me sentant me lever.
- C’est qui…? marmonne-t-il, la tête dans l’édredon.
- Personne, je reviens, dors.

Doucement, je sors de la chambre et descends l’escalier, le téléphone toujours à la main. Arrivée dans la pénombre du salon, je reprends:

- Qu’est-ce qui se passe, Zach? Un problème?
- … Non, pas vraiment. Je… J’avais juste envie de parler un peu.
Sans vraiment réfléchir, je marche jusqu’à la cuisine. C’est de cette pièce qu’on a la plus belle vue la nuit. Je me hisse et m’assieds sur le comptoir, attrape une tasse dans le placard au dessus de ma tête et mets un peu d’eau à chauffer.
- Zach, il est quatre heures du mat’ ici, tu as sûrement conscience de ça…
- Oui. Je suis à Londres. Merde, j’suis désolé. J’aurais pas du appeler.
- Non, c’est bon. Je suis réveillée maintenant de toute manière…
- Et… Otis…
- Dort à poings fermés à l’étage au dessus. Comme… Cassandra, je présume?

La bouilloire siffle doucement. Je change mon téléphone d’oreille, verse l’eau chaude dans la tasse et laisse le thé infuser. De l’autre côté de ma baie vitrée, Paris se réveille, l’agitation commence. J’aurais bien fait la grasse mat’.

- Cassandra… Je ne suis plus avec. Depuis presque trois mois.
Trois mois? Ils ne s’étaient pas parlé depuis plus de trois mois?!
- Azu, écoute, je suis désolé de t’avoir réveillée, je… J’ai fait un cauchemar et je voulais être sûr que tu allais bien.
Je me brûle avec une gorgée de mon thé en avalant de travers.
- Un cauchemar?
Je l’entends soupirer à l’autre bout du fil. De soulagement ou d’ennui, je ne sais pas.
- Oui. Depuis la disparition de Vendetta, je… je flippe un peu.

Je soupire à mon tour. Tout le monde sur les nerfs depuis que Vendetta s’est évaporée il y a une semaine.
- Je vais bien, Zach. Très bien.
- D’accord. Je… désolé alors, je vais te laisser…
- Non!
Merde, j’aurais pu éviter le ton totalement désespéré quand même. J’inspire un grand coup avant de reprendre plus calmement.
- Non, c’est bon. On peut discuter si tu veux… Comment vont tes sœurs?
J’avoue que lui rappeler ses petites sœurs n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit, mais c’est vraiment la première chose qui me soit venue à l’esprit. Tout plutôt que de le laisser raccrocher maintenant. Je descends de mon perchoir et commence à faire les cent pas dans la cuisine.
- Elles vont bien. Je m’inquiète aussi pour elles tu sais. Je ne sais pas trop ce que fait Stella en ce moment. Heureusement, Cris est toujours à l’école, ça me permet d’avoir l’œil sur elle… Merde je … Azu, je voudrais m’excuser…
- Non, laisse tomber je t’ai dit que ce n’…
- Pas à propos de l’appel… A propos de nous, enfin, de moi. J’ai été vraiment con. Je, je n’aurais pas du te traiter comme ça. Je faisais ça pour te protéger mais… t’écarter n’était pas la bonne solution.

Je pile brutalement au milieu de la cuisine.
Pardon?! M’appuyant contre l’un des comptoirs, je me laisse glisser à terre. Au passage, je renverse un peu de thé au sol mais je m’en fous. Il fallait qu’il m’appelle à quatre heures du matin pour me dire ça.

- Ce qui est fait est fait, Zach…
- Je t’ai fait du mal…
- Oui. Mais c’est passé. Je m’en suis remise…
… Presque.
Silence de l’autre côté de la Manche.
- Zach? Tu es toujours là?
- Oui, je… D’accord oui. Écoute, je ne t’appellerai plus, je crois que ça vaut mieux.
PARDON?! J’entends vaguement comme un bruit de verre qui se brise, mais ce n’est que lorsque le thé tiède commence à couler entre mes doigts de pieds que je me rends compte que je viens de lâcher ma tasse et qu'elle est allée s’écraser sur le carrelage. Bizarrement, je ne me sens pas vraiment concernée par ce détail.
- Comment ça? Tu as le droit de m’appeler! On peut être… amis…
Je l’entends étouffer un rire sans joie. Ouais, moi non plus je ne suis pas convaincue.
- Azu, on ne sera jamais "amis", on n’a jamais été juste amis, tu le sais.
Oui. De l’autre côté de la baie vitrée le ciel s’éclaircit lentement. Le bourdonnement de la ville parisienne s’élève peu à peu dans les airs. Mes pieds baignent dans des restes de thé froid…
- Azuline. Je vais raccrocher.
Oui.
- … Désolé de t’avoir réveillée. Je suis content de savoir que tu vas bien.
… Presque.
- … Azuline, je… Passe une bonne journée.

Je ne sais pas combien de temps je reste là, à écouter la tonalité du téléphone, observant les gens vivre dehors, les pieds gelés. Lorsque je reprends conscience, le Soleil se lève sur Paris, faisant briller les toits en fer et apportant avec lui son concert de bruits de moteurs, de cris et de sirènes.
Je me relève péniblement, mes membres engourdis. Je laisse les restes de la tasse et du thé où ils sont, la bonne ne va pas tarder à arriver. Otis va bientôt se réveiller.
Je remonte dans la chambre, la tête comme dans du coton, et me glisse le plus discrètement possible à côté d’un Otis dormant à poings fermés.
Bercée par ses légers ronflements, je commence à dériver vers le sommeil. Des souvenirs de vitres couvertes de buée, du bruit de la pluie et des voitures qui klaxonnent emplissent mon esprit. Je m’enfonce un peu plus dans l’oreiller, tentant de retrouver la chaleur du moment, tes mains, ta bouche.
Je suis heureuse.
Car quand je suis avec toi, il n’y a pas de
presque.


[Texte matinal avant de partir en cours. Merci Bloc Party pour le regain d'inspiration. C'est pas génial, c'est pas relu, je sais, mais bon. (pour les connaisseurs, le texte se situe au même moment que 'Sans but ni fin' et 'Reste')]

mardi 21 octobre 2008

Bon ben... salut



Théoriquement, j'adore le matin. Enfin, le terme 'matin' n'est pas vraiment juste vu qu'en ce moment je me lève plutôt vers quinze ou seize heures. Mais, quoiqu'il en soit, j'adore le moment du réveil, peu importe l'heure qu'il est.
C'est un instant paisible durant lequel je ne pense pas encore à tout ce qui me pèse dessus, à mon père, à l'entreprise, à mes amis, à ce que je vais faire ce soir, à où je vais aller me saouler la gueule et surtout à comment je vais m'habiller.
Pendant ces quelques secondes, il n'y a que les draps, mon oreiller et moi. Comme chaque matin, je me retourne dans mon lit, m'enroulant dans le drap, et ... butte contre quelque chose.
Mes yeux s'ouvrent brutalement et je le regrette aussitôt. Je grogne en les refermant prestement, maudissant le con qui a inventé les fenêtres sans volets, le con qui a inventé l'alcool, le con qui a inventé les boîtes de nuit, le con qui a inventé les téléphones portables et aussi le con qui a inventé les amis qui t'appellent à vingt et une heures pour te dire qu'il y a une SUPER fête sur la plage du Havana et qu'il faut ABSOLUMENT que tu viennes.
Une belle brochette de cons maudits.

Je m'enroule dans le drap et tente de m'éloigner du côté droit du lit, me doutant vaguement que la forme qui y est allongée n'est pas mon chien, Pongo.
Oui, j'avais une imagination débordante à neuf ans, j'ai appelé mon dalmatien Pongo... Enfin bref, quoiqu'il en soit, la forme grommelle soudain elle aussi et je présume qu'elle vient de se réveiller. Merde.
Rassemblant tout mon courage, j'ouvre un oeil, puis l'autre. La table de chevet m'apparait, proche et floue. Des objets qui ne m'appartiennent entre dans mon champ de vision: une paire de Ray Ban balancée à côté du radio-réveil, une cravate noire qui pendouille accrochée à une lampe, une chaussure en cuir, noire aussi, traînant sur la descente de lit.
Il y a un mec dans mon lit de princesse.

La réalité me frappe de plein fouet: PUTAIN je suis dans ma chambre à coucher! La mienne! Pas dans un hôtel privé, pas chez une connaissance quelconque et pas chez le squatteur de lit. Je suis chez moi. Chez mon père. Bordel de merde.
Dans ma précipitation, je dégringole du lit, entraînant le drap dans ma chute. L'Inconnu-du-pieu grogne de plus belle et marmonne un truc que je ne comprends pas. Magnifique, un étranger, manquait plus que ça.
Ramassant le peu de dignité qu'il me reste, je sautille jusqu'à ma penderie, toujours empêtrée dans mon drap, et arrache quasiment ma robe de chambre de son cintre.
Je manque de me vautrer quand Squatteur-de-lit s'exclame soudain dans ce que je suppose être de l'italien.

"Santa Madonna del Gesù, ma che cazzo...? ... Oh, ciao... Dove siamo?"

Je lui adresse ma meilleure imitation de la carpe koï. Comment me suis-je débrouillée pour atterrir dans
mon lit avec un mec qui ne parle même pas la même langue que moi?! Putain, je devais être sacrément torchée la nuit dernière...

"Ecoute..., commencé-je en anglais, la langue internationale des fils à papa. Je ne sais pas comment on est arrivés ici mais il faut que tu te barres.

L'inconnu du lit me renvoie l'air du mec qui s'est pris la cuite de sa vie et qui tente de reconnecter ses quatre neurones pour comprendre ce que la charmante créature rousse qui lui fait face peut bien lui raconter dans une langue inconnue.

- I... yes. Je me souviens de toi, on s'est rencontrés sur la plage.
- Sur la plage du Havana, oui. Je ne me souviens plus de ton prénom...
- Dario..., marmonne-t-il en se levant.
L'inconnu qui n'en est plus un a un instant d'hésitation au moment de sortir du lit. Il doit être tout nu là-dessous. Il me jette un regard puis semble décider qu'il n'y a plus rien sous ce drap que je n'ai déjà vu la nuit dernière et s'extirpe du lit nu comme un ver pour commencer à chercher ses fringues.
Eh beh... c'est bien dommage que je ne me souvienne de rien, parce que d'après ce que je vois j'ai du passer une putain de soirée... Je ne peux retenir mon petit sourire satisfait.
- Alors, on est où? demande Dario en enfilant une paire de jeans.
- Chez moi. Enfin, chez mon père. C'est pour ça qu'il faut que tu te casses en vitesse. Il ne doit pas te voir ici...
Ce connard me regarde avec une moue amusée, comme près à éclater de rire:
- Il pense que tu te préserves jusqu'au mariage ou...?
- Non, mais je n'ai pas particulièrement envie de faire penser à mon père que je ramasse n'importe quel plouc en boîte en étant si pintée que je le ramène sous son toit pour m'envoyer en l'air.
- Un... plouc? lâche-t-il, incrédule, en finissant de boutonner sa chemise.
- ... Désolée. Enfin bref, habille-toi et on se tire.
- Toi, tu vas sortir comme ça? demande-t-il en désignant mon drap.
Ce petit con se fout de moi!
Je sers un peu plus le drap contre moi, attrape une robe au hasard et m'engouffre dans la salle de bain telle une tornade.
Je suis un instant tentée de juste enfiler la robe vite fait le temps de le raccompagner à la porte mais j'ai une réputation à tenir et il est hors de question qu'on me voit aussi débraillée. Pas le temps pour une douche, mais je mets tout de même un peu d'ordre dans mes cheveux, passe ma robe, me mets ce qu'il faut de maquillage pour ne pas avoir l'air d'une morte fraîchement déterrée et sort comme une bombe de la salle de bain. Direction, le dressing. J'explose tous mes records personnels en ne prenant que cinq minutes à choisir une paire de chaussures assorties à ma robe. Je n'aime vraiment pas m'habiller dans l'urgence, mais c'est pour la bonne cause.

Je ressors du dressing, habillée et pomponnée de façon convenable à défaut d'être comme à mon habitude totalement éblouissante... et manque de me casser la gueule devant le spectacle qui s'offre à moi.
Ce mec n'est pas juste l'Inconnu-du-lit. C'est un mix entre une pub Calvin Klein et un demi-dieu. Et j'en ai vu beaucoup de beaux gosses.
Enfin, je ne suis peut-être pas au mieux de mes capacités de jugement, mais je dois avouer que je comprends mieux comment j'en suis arrivée à finir la nuit avec lui quand je le vois comme ça, veste jetée sur le bras, renouant sa cravate dans le contre-jour de ma fenêtre.
Je ne dois pas être trop mal non plus, vu qu'il me gratifie d'un sourire de playboy satisfait de lui-même.
Petit con, va.

- Allez, on se barre.
J'attrape le sac Gucci que j'avais pris pour sortir hier et j'en ai presque des plaques d'exéma tant il n'est pas assorti avec ma tenue, mais toutes mes affaires sont dedans et je n'en ai pas pour trois heures de toutes façons.
- Suis-moi. Et ne fais pas de bruit, chuchoté-je à Playboy en remontant aussi discrètement que possible le couloir qui mène aux escaliers.
Il doit être encore tôt, il n'y a quasiment personne dans la maison et j'esquive aisément les deux bonnes venant en sens inverse en poussant Dario dans une salle de bain inutilisée.
- Tu ne tiens vraiment pas à ce qu'on se fasse choper, hein? marmonne-t-il en me glissant un sourire suffisant. Mais quel petit con imbus de lui-même!

Par miracle, nous arrivons à descendre les escaliers, à traverser le hall, puis la cour, sans se faire remarquer. Arrivée au bord de la route longeant notre propriété, je m'autorise enfin à relâcher ma respiration.
J'ai besoin d'une clope.
Je farfouille sans grande conviction dans mon sac, sachant parfaitement que j'ai fini mon paquet hier soir et que c'est en partie pour ça que je me suis vengée sur la boisson.
- T'as tes cigarettes?
- Hmm, marmonne Dario en sortant un paquet de Marlboro de la poche de sa veste.
Parfait gentleman, il m'allume ma clope avant de retourner à la contemplation des barques agitées par la houle, de l'autre côté de la rue.
Epuisée par le contre-coup du stress, je traverse la route et me laisse tomber sur le muret de pierres qui sépare l'allée goudronnée de la plage. Je sens plus que je ne vois Dario qui s'assied à ma gauche.
- C'est sympa chez toi. La vue, tout ça, lâche-t-il au bout d'une dizaine de secondes.
- Ouais.
La nicotine m'a légèrement calmée et je m'accorde aussi un moment pour admirer le paysage. C'est vrai qu'il y a pire comme coin pour vivre.

Sans concertation, je tends ma cigarette dans la direction de Dario au moment où il allongeait le bras pour me la prendre de la main. L'air amusé, il me fait un sourire avant de porter la tige de tabac à sa bouche.
Je réprime un frisson.
C'est vraiment stupide à dire, on a passé la nuit tous les deux, très probablement couché ensemble, et pourtant cet instant d'osmose, comme si on fumait notre cigarette du matin ensemble depuis toujours, m'apparaît comme un acte extrêmement intime.
Il doit lui aussi le sentir, car il me rend la Marlboro après à peine deux bouffées.
- Tu... Où est la station de taxi la plus proche? me demande-t-il en se relevant, l'air soudainement timide.
- Oh. Euh, tu remontes cette rue, environ dix minutes et tu vas tomber sur la gare. Il devrait y avoir des taxis là-bas.
- Okay... D'accord, parfait. Merci.
- De rien, marmonné-je en me redressant à mon tour.

Il s'en suit la minute de flottement réglementaire pendant laquelle chacun réfléchit à la façon la plus polie de prendre congé. Comment dit-on au revoir à un mec avec qui on a couché en état d'ébriété avancé et partagé une délicieuse cigarette?

Dario finit par redresser la tête, et, en emballant le tout dans un sourire à faire fondre les pierres, murmure simplement:
- Bon bah... salut.
Je ne peux réprimer un petit rire. Et lui aussi se marre.
- Salut, Dario", finis-je par lâcher.
Sur un dernier sourire, il enjambe le muret et commence à remonter la rue en s'allumant une nouvelle clope.

J'hésite une seconde avant de passer à mon tour par dessus le muret pour rentrer chez moi.
Moi aussi, j'ai encore envie d'une cigarette.



[Texte écrit en plusieurs fois et fini à 3h du mat', donc qualité médiocre, navrée.
Donc voici la 'rencontre' Dario/Hestia.
Encore une fois, désolée pour ce texte un peu planplan.
Je prends quand même les commentaires hein.
PS: Barbara, ne me tue pas s'il y a des fautes d'italien, pitié.
]

dimanche 5 octobre 2008

Reistu Þig við, sólin er komin a loft...

Le titre ça veut dire "Rise and shine, the sun is up..." et traduit en français c'est pas joli, donc merde.

Juste pour dire que j'ai été prise d'un élan de motivation et que le texte promis sur Dario manquant de se faire plomber les miches est posté sur DA. Et que je suis tellement bonne avec vous que j'ai même posté son parallèle, avec une Vendetta plus humaine que d'habitude.
Les textes sont donc là:
=> Le feu aux poudres
=> Subcéréal

Et je sais que j'ai promis des textes inédits sur le blog, mais vu peu de textes que j'écris en ce moment... il faudra attendre.

Sinon il est 00h04, je crève de froid, ma maison est en chantier parce que j'ai commencé à ranger (logique) et j'écoute Starvation (que vous pouvez écouter dans cette playlist).

Et je n'ai plus cours le samedi. Et ça, c'est cool.
Bonne nuit les gens.

mercredi 20 août 2008

Carve your name into my arm




" ...état stable. On va le garder quelques jours en observation pour le principe, mais sinon il va bien.
- Il ne va pas bien ! Il a tenté de se suicider !
- Je ne pense pas, non. J'ai cru comprendre que sa fiancée est décédée... Il avait sûrement besoin de matérialiser sa peine, de la rendre physique et réelle pour que tout le monde puisse la voir.
- Donc ce n'est pas un suicide... ?
- Selon moi, non. Votre fils est un garçon intelligent, il a pris juste assez de comprimés pour "s'anesthésier", atténuer la douleur. Le stress, la fatigue, ajoutés aux médicaments, à l'alcool et à la perte de sang ont provoqué l'évanouissement.
- Donc... Il ne voulait pas mourir ?
- Non, madame. Je pense que ce que votre fils a fait relevait plus de l'appel à l'aide que de l'acte suicidaire... Veuillez m'excuser, je dois continuer mes visites, mais je repasserai demain dans la matinée pour voir comment la situation évolue. N'ayez aucune crainte madame, votre fils est un garçon solide et il est entre de bonnes mains.
- Bien. Oui. M-merci, docteur...

Les bruits de pas s'éloignent et la porte s'ouvre puis se referme en grinçant légèrement, le son résonnant toujours de façon étrange, comme filtrée.

- Tu ne voulais pas mourir", souffle ma mère en se laissant tomber sur une chaise à côté de mon lit.

J'aimerais lui dire que non, je ne voulais pas mourir, mais je n'ai déjà pas la force d'ouvrir les yeux alors parler me semble tout bonnement impossible.
Si je pouvais parler, je ne lui dirais certainement pas la vraie raison des cicatrices sur mon bras -je me demande si elle a pu les voir-, mais au moins, je pourrais la rassurer, lui jurer que jamais je n'infligerai un nouveau deuil à une femme qui a déjà perdu trois enfants. Mourir serait lâche. Et je t'ai promis de survivre, alors...

Je ne crois pas non plus à la théorie du médecin. Je ne voulais pas "rendre ma peine plus réelle". Je voulais juste être sûr que chaque matin de chaque jour, pour le restant de ma vie, lorsque j'ouvrirai les yeux je verrai cette cicatrice. Et que ma première pensée de la journée serait pour toi.
Comme le docteur l'a si bien dit, je suis un garçon intelligent. Si j'avais voulu me suicider, je me serais ouvert les veines dans le sens de la longueur avec une jolie lame de rasoir. Je n'aurais pas gravé ton prénom dans mon avant bras avec un clou.

"
Juliette..."



[Texte écrit à la main sur un superbe papier à entête du CIC. C'est (encore) Rémy. Suite plus ou moins du texte Ne doute jamais de mon amour. Tralapouetpouet. Commentaires, critiques, corrections, etc etc etc. EDIT: Début du texte viré suite à une remarque judicieuse de Wolfy]

samedi 26 juillet 2008

A quoi bon se lamenter?

J'aimerais vraiment vous écrire un article fort, émouvant, terrassant par sa beauté et aveuglant par son intensité.
Mais il semblerait que le service de l'inspiration ai décidé de prendre ses RTTs et me voici, dépourvue de la moindre lichette d'idée, tentant de mettre bout à bout des mots formant des phrases formant des paragraphes qui mis en ordre aboutiraient éventuellement à un article intéressant au mieux, cohérent au pire.
Le pire c'est que je ne me sens même pas mal. Je vais même plutôt bien.
Sauf que je sens cette espèce de vide solide s'installer dans les interstices qui laissent de l'espace entre mon cerveau et mon crâne.
Du coup mon cerveau est calé au début, compressé ensuite, pour finir par éclater comme une superbe citrouille d'Halloween pourrie.
Je devrais songer à manger des bougies allumées, ça ferait peut-être de la lumière.

Dans un autre registre, il faut toujours que je change mon layout.
Je songe à le remettre en rose. J'avais plus de commentaires quand il était en rose (ceci n'est pas un chantage aux commentaires. Pas du tout.).
Du coup vos suggestions sont les bienvenues.

Ah oui, aussi, bientôt un article sur mes sites chéris de musique, à savoir Deezer, Last.fm et Musicovery.

Enfin, j'ai écrits deux nouveaux textes. Que je n'ai publiés que sur DA. Parce que j'avais pas envie de les mettre ici.
-> La valse des hypocrites
-> Cube
D'ailleurs, question aux Fantoshs passant ici: Fab m'a dit de mettre mes textes sur le forum, vous avez un avis sur la question?

En relisant le début de l'article, je me dis que ça se sent que j'ai vu Lucile récemment.

Sinon, je remplis peu à peu la radio du blog. Pour l'instant c'est pas over-joyeux. Mais un jour ça ira mieux.



.

lundi 2 juin 2008

"Vivante..."



"Putain!"
Je trébuche sur un cordage et m'étale lamentablement derrière une caisse en bois. Tenant mon avant-bras gauche avec ma main droite, je rampe jusqu'à être abritée derrière une autre caisse, légèrement plus haute.
Bordel que ça fait mal!
Je me redresse en position assise en m'aidant de mes pieds. Le talon de l'une de mes bottes racle dans une flaque et je manque à nouveau de m'affaler. Par réflexe, je prends appui sur ma main gauche. La décharge brûlante qui remonte alors mon bras manque de m'arracher un hurlement que je réprime en me mordant furieusement la lèvre.
Tentant de reprendre mon souffle, je m'adosse à la caisse et cherche des yeux mon flingue. Je l'ai sûrement fait tomber en trébuchant. Il est là, à découvert, à côté d'une sorte de boîte à outils.
Je considère un instant l'idée de le laisser là et de fuir sans... Non, c'est un mauvais plan, ils sont plus nombreux, valides et mieux armés. Il me faut au moins une arme.
J'essaie de l'atteindre du bout de ma chaussure, mais ma perception des distances doit en avoir pris un coup dans ma chute car il manque au moins un mètre, dont largement quatre-vingt centimètres à découvert... Je n'ai pas trop le choix. Laissant mon bras blessé pendre dans le vide, je rampe jusqu'à la limite de ma cachette. Allez, Katia, même pas un mètre, c'est pas la mort... sauf si quelqu'un me repère. Fermant les yeux, j'inspire un grand coup et tente de me concentrer. J'entends les chaînes au plafond grincer dans leur poulie, le bruit des vagues au loin et, plus près, les dockers qui jurent et chantent. Puis je perçois ces bruits. Les talons qui claquent sur le béton, les ordres donnés à la va-vite, les hommes qui soufflent fort en courant. Ils seront là dans quelques secondes.
Prenant une grande bouffée d'air et espérant que ce ne soit pas ma dernière, je plonge à découvert pour saisir mon flingue. Ma main gauche étant hors-service, je heurte durement le sol mais je finis par poser les doigts sur la crosse. A l'instant précis où mon index se glisse dans la gâchette, l'énorme porte en fer au fond du hangar glisse sur ses rails avec un bruit assourdissant. La lumière provenant de l'intérieur du bâtiment collé à l'entrepôt illumine mon visage et je distingue alors mes 'fans' se découpant à contre-jour.
En essayant d'être le plus discrète possible, je pousse sur mes deux coudes en serrant les dents, tout en me tirant en arrière avec les genoux. Je viens de ruiner ma veste en cuir, mais je suis finalement cachée dans l'ombre de la caisse.
Au moins, mes quelques secondes à découvert m'ont apporté des informations. Ils ne sont plus que quatre, donc j'ai dû au moins en blesser deux en plus de celui que j'ai tué. C'est déjà ça.
De plus, je suis bien plus près du port que je ne l'imaginais, et, garée à quelques dizaines de mètres de moi, ma voiture attend patiemment que je revienne. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas la remarquer avant, c'est sûrement dû à sa couleur, mais j'espère que mes 'groupies' ne l'ont pas vue non plus.

"Volodya, à gauche! Yevgeniy, tu prends à droite! Rad', tu viens avec moi! On va coincer cette salope... TU ENTENDS, SALOPE!?! ON VA TE TROUVER ET ON VA TE FAIRE TA FÊTE, POUFFIASSE!"

Mais oui Irminoff, je t'entends, connard. Et je préfèrerais me tirer une balle dans la tête plutôt que tu me touches, gros porc...
Bref, ce n'est pas vraiment le moment idéal pour se jeter sur cette raclure de l'humanité afin de le renvoyer at padres, je me vengerai une autre fois. Donc, le plan pour l'instant c'est de me traîner discrètement jusqu'à la voiture, d'ouvrir la portière, de me glisser au volant et de démarrer, le tout sans me faire repérer... Plus facile à dire qu'à faire.
Une nouvelle vague de douleur me remonte le bras alors que je me tasse un peu plus contre mon abri en bois. A quelques mètres de moi, Yevgeniy balaie le sol de sa lampe torche en tapant contre les caisses avec la crosse de son fusil. Je suis dans la merde. De ces quatre couillons, il fallait que ce soit celui-là qui me tombe dessus... J'ai travaillé avec Yevgeniy à l'époque où nous avions le même patron et, s'il n'est pas bien méchant, il est très loyal. Loyal et vif. Je n'ai plus qu'à prier pour qu'il passe sans me remarquer. Evidemment je ne prie pas, c'est inutile. Maman priait souvent, et ça ne l'a pas sauvée.
Yevgeniy n'est plus qu'à un mètre de moi, encore un pas et sa lampe illuminera ma cachette. Je n'ai pas le temps de fuir... Rassemblant mes forces, je me redresse sur mes talons, prête à lui coller un coup de boule et à tenter ma chance en courant vers les docks. Le faisceau est à quelques centimètres de moi quand un cri détourne l'attention de mon limier.

"Eh! Vous! Qu'est-ce que vous faites là?! C'est un entrepôt privé!"

Un docker taillé comme une armoire à glace et armé d'une sorte de grosse masse vient d'entrer dans le hangar et harangue Volodya tout en surveillant les autres du coin de l'œil. Au premier regard je vois que ce mec est sobre, rapide et sait se servir de cette masse. Il se tient directement entre la voiture, mes 'groupies' et moi.
C'est ma chance.

Retenant mon souffle, je cours le plus silencieusement possible jusqu'à un gros container tandis qu'Irminoff s'engueule avec le docker sous les regards ahuris de ses toutous. Je ne suis plus qu'à une trentaine de mètres de l'entrée. Je me faufile entre plusieurs grosses caisses, mon bras valide tenant celui blessé. L'espace entre les containers est restreint et je me guide au son de la dispute pour ne pas tomber face à face avec Irminoff en sortant de ce dédale. Je débouche enfin entre deux parois métalliques. A une vingtaine de mètres de là, Irminoff vocifère contre le pauvre docker qui ne se démonte pas. Contre le mur du fond, ma voiture m'attend patiemment non loin de la seule porte du hangar ouverte donnant sur les quais.
Ils sont distraits, si je cours jusqu'aux cordages là-bas et que... Non, mauvaise idée, la lumière venant du port va me trahir... Mais il n'y a pas trente-six solutions, il faut que je passe derrière le docker et donc entre eux et la porte pour atteindre la voiture. La portière n'est même pas verrouillée, j'aurai juste à l'ouvrir et à me mettre au volant.
Armoire à glace a sûrement appelé du renfort car j'entends par-dessus les insultes plusieurs voix d'hommes provenant de l'entrée par laquelle Irminoff et compagnie ont débarqué tout à l'heure. S'il y a un Dieu, il est avec moi ce soir.
En effet, quelques secondes plus tard, cinq autres dockers, eux aussi bien bâtis et armés pénètrent l'entrepôt avec l'air d'être prêts à en découdre.
Je saisis ma chance tandis que les deux groupes s'expliquent, forçant les quatre crétins à me tourner le dos. Je cours de toutes mes forces jusqu'à la voiture, tentant de me fondre dans les ombres.

Elle n'était pas si loin que ça, me dis-je une fois accroupie à côté de la portière conducteur, attendant à découvert que le ton monte entre les hommes pour ne pas attirer l'attention en tirant sur la poignée. Soudain, Radoslav, ce gros débile, bouscule l'un des dockers qui s'approchait apparemment trop près d'Irminoff. Une bagarre éclate et j'ouvre alors la porte et prends place derrière le volant, penchée en avant et tassée sur le siège pour ne pas me faire remarquer à contre-jour. Je n'ai pas fermé la portière pour ne pas les attirer avec le bruit et je cherche à tâtons mes clefs dans les poches de ma veste. Le porte-clefs semble coincé dans la doublure.
Légèrement paniquée, je relève la tête pour voir où en est l'échauffourée et m'aperçois alors que, si les autres continuent à s'engueuler, Volodya regarde maintenant carrément dans ma direction. Il a dû repérer la voiture.
"Putain de merde!" m'exclamé-je en tirant un grand coup sur les clefs. Ma doublure se déchire dans un bruit sinistre (décidément, ma veste est foutue) et, les mains tremblantes, j'insère la clef dans le contact de l'auto. Volodya s'est séparé du groupe d'hommes et avance dans ma direction, arme au poing. Il serait temps de mettre les voiles.
Préparant mes pieds sur les pédales et ma main blessée sur le volant, j'inspire un grand coup. Je n'aurai pas de deuxième chance, ce coup-ci.
Mes poursuivants et les dockers ont apparemment arrêté de se disputer et Irminoff gueule maintenant à Volodya de lui expliquer ce qu'il fout.
Maintenant ou jamais, ma grande. "Pas le moment de caler", marmonné-je dans un sourire en tournant brusquement la clef.

Le moteur rugit, je passe immédiatement la première et enfonce la pédale de l'accélérateur, couchée sur le volant pour éviter les coups de feu.
Les balles pleuvent. Les dockers regardent la voiture et les mafieux, leurs yeux passant de l'un aux autres, l'air totalement abasourdis. Irminoff gueule comme un putois et Radoslav, fusil en main, court vers la voiture.
Tout se passe en une demi seconde.

La bagnole se met soudain en mouvement. Je braque à fond en criant tant mon bras me fait mal et fais un demi-tour quasiment en sur-place. Mon pare-brise arrière explose soudain et je crains qu'il ne leur vienne à l'idée de crever mes pneus. Je passe brutalement la seconde et la voiture sort en trombe par la grande porte donnant sur les docks, sous une averse de balles.
Les pneus crissent sur le bitume quand je braque à nouveau pour éviter de me jeter dans le port. Derrière moi, Irminoff et ses sous-fifres m'insultent tout en continuant à m'arroser de plomb. Une balle frôle ma joue et traverse le pare-brise avant qui se fissure dans un motif de toile d'araignée. Je ne vois plus la route à cause du verre craquelé et, n'ayant pas envie de finir la nuit en rade de Saint-Petersbourg, je décide de finir le pare-brise. Tenant tant bien que mal le volant de la main gauche, je saisis mon flingue par le canon et défonce ce qu'il reste du pare-brise à coups de crosse. Je ne ferme même pas les yeux alors que le verre m'entaille les mains et me tombe sur les genoux. Je sors du port 'à fond de cales'. J'éclate de rire en jetant l'arme sur le siège passager.

Une fois arrivée sur le pont qui surplombe le port, je secoue ma main droite pour enlever les tessons de verre plantés dedans et j'allume la radio.
Une présentatrice souhaite une bonne nuit à tous les couche-tard et promet à ceux qui ont encore une longue nuit de labeur devant eux de les accompagner en musique.
Je ne me rends même pas compte des larmes de soulagement qui coulent sur mes joues alors que je claque enfin la portière de la voiture qui fonce à toute allure vers Moscou.

De la brume s'échappe d'entre mes lèvres lorsque je murmure dans un souffle incrédule:
"Vivante..."

[Encore un texte sur Katia, qui ne suit pas directement le précédent mais qui reste dans la même optique. Je sais que je suis moins à l'aise avec le mouvement qu'avec le statique donc navrée pour l'absence d'ambiance.
Encore une fois, merci à Jaja, Gaël, Jacob, Florent et Spero.
Trululu!]

jeudi 22 mai 2008

Ne doute jamais de mon amour.



La pluie a cessé il y a plusieurs minutes.
Nos vêtements de circonstance sont trempés et, sous nos pieds, la terre semble exhaler une respiration humide et chaude. Le sol respire, lui. Quelle ironie.
Ton père s'est brutalement arrêté de pleurer dès que les gouttes ont cessé de cacher ses larmes. Il est de ces hommes qui dissimulent leur faiblesse sous une carapace de froideur.
Moi aussi, je sais pertinemment que l'eau suspendue à mes cils ne vient pas du ciel.
Je peux quasiment entendre ta voix murmurer à mon oreille...
"Tu as le droit de pleurer. Ce n'est pas une faiblesse.
-Je ne veux pas pleurer.
-J'aimerais qu'il pleuve, ce jour-là..."

S'il y a un Dieu, il t'a entendu, car c'est de l'herbe humide que le prêtre asticote du bout de sa chaussure. J'aimerais tant qu'il cesse de réciter sa litanie chiante à mourir et qu'il nous laisse en paix. Que tout le monde parte, ta famille, la mienne, et nous laisse tranquillement nous dire adieu.
"Ce ne sont pas des adieux, Rémy. Il existe un monde paisible où nous nous retrouverons après cette vie.
-Je ne crois plus en Dieu depuis longtemps, Juliette.
-Fais semblant d'y croire. Pour moi. Quand je serai partie, tu pourras arrêter, promis."

D'accord, pas des adieux. Me laisser te dire au revoir, alors.
Les souvenirs de nos discussions passées me hantent alors que le prêtre entame d'un ton monocorde la lecture d'un passage de la Bible.
Il faudrait qu'il se remette à pleuvoir: ça ferait accélérer l'oraison et tout le monde se dépêcherait de rentrer au sec et de se rassembler autour d'un bon buffet comme nos mères savent les organiser.
C'est vrai que mes parents sont passés maîtres dans l'art de la réception post-enterrement. Mondains jusqu'à la mort.
Il faut vraiment que j'arrête l'humour noir, on dirait toi...
"Tu crois qu'ils feront une fiesta, après?
-...
-Oh, ça va! Ne me fais pas cette tête là! On ne va pas commencer à chialer maintenant! Alors? Un buffet et du champagne ou plutôt grosse orgie autour de la piscine?
-Juliette! Bordel, sois un peu sérieuse!
-Arrête de faire le vieux con, Rémy! J'essaie de dédramatiser là!"

Dédramatiser, mais bien sûr. Comment dédramatiser la mort?
"... te confions notre sœur, Juliette. Accueille-la parmi les anges du Paradis, demeure éternelle de..."
Bon, au moins c'est bientôt fini.
Comme si le ciel m'avait entendu, un énorme coup de tonnerre fait soudainement sursauter l'assemblée. Ma mère échappe même un petit cri, et se cramponne au bras de mon père.
Le curé lève un œil sceptique vers le ciel et saute au moins deux paragraphes du blabla habituel. Je m'y connais en enterrement.
"Tu feras un petit speech?
-Non.
-Je m'en doutais... Tu sais que mes parents savent déjà ce qui sera gravé sur la tombe? 'Fille aimée, sœur dévouée, amie fidèle'. Sympa, non?
-Je ferai graver quelque chose d'autre sur la pierre...
-Ah oui? Quoi?"

Ça y est, c'est enfin fini. La pluie battante et l'orage grondant ont eu raison des derniers récalcitrants. Même les mecs des pompes funèbres sont partis s'abriter dans leur voiture. Mes chaussures sont trempées et l'eau ruisselle le long de ma nuque.
Je reste seul devant ce grand trou, bouché par des planches. Seul avec ce qu'il reste de toi, caché dans cette boîte.
Et derrière la montagne de fleurs, recouvrant planches et pierre tombale, je devine cette inscription:

"Ne doute jamais de mon amour"


[Et oui, encore un nouveau personnage: Rémy. Celui dont je me sens le moins proche et celui sur lequel j'écris le moins, mais parfois l'inspiration vient et...
Encore une fois, merci à Jacob et Jaja pour leurs corrections, leur avis et leurs conseils.
]

samedi 12 avril 2008

La journée ne fait que commencer.




Hurlement.


Je dégringole de ma couchette et heurte violemment le sol. J'ai à peine le temps de me mettre à genoux avant de vomir le peu de nourriture que j'ai avalé hier.
Mon estomac se contracte douloureusement, cherchant à expulser tout ce qu'il contient. Ca fait affreusement mal et pour la première fois depuis plusieurs semaines, je ressens la faim.
Tandis que ma main gauche retient mes cheveux en arrière, la droite se glisse sous mon oreiller pour y saisir mon arme. Le contact froid et lisse du 9mm calme rapidement mes hauts-le-cœur. Je n'ai que quinze ans, mais je sais très bien m'en servir, avec un flingue en main je suis en sécurité.
Instinctivement, mon regard se braque sur la porte de la chambre. De ma chambre. La barre est toujours en place, personne ne peut entrer... Respire, Katia.

En prenant garde à ne pas marcher dans mon repas d'hier, je me redresse et m'assieds sur mon lit. Enfin, ce que les tenanciers de cet horrible hôtel appellent un lit. Moi, un sommier en fer fixé au mur par des chaînes avec par dessus un matelas rembourré de paille et une couverture de survie, je n'appelle pas ça un lit. Hestia s'évanouirait probablement si je tentais de la faire dormir là-dessus.
Je redresse la tête et tombe face à face avec mon reflet dans la glace. Nul besoin de la couchette miteuse, Hestia tomberait dans les pommes rien qu'en me voyant. J'ai dû perdre au moins dix kilos depuis que j'ai quitté Athènes, mes cheveux sont emmêlés et sales, ils se dressent comme de la paille noire sur mon crâne, et mon t-shirt sans manches est aussi crade que mes jeans trop larges.

Hurlement.

Je comprends ce qui m'a réveillée. Le fait que les cris de cette femme coïncident avec mon rêve...
Il est sept heures du matin et le mari de la gamine d'à côté la frappe déjà. Cette fille ne doit pas être beaucoup plus âgée que moi, elle a déjà deux mioches sur les bras, et son cher et tendre époux est une grosse brute avinée. Mon sort n'est pas si triste que ça.
La lumière augmente depuis mon réveil, la journée commence. Ce soir, avec un peu de chance, je serais en Russie. Ma destination finale est Moscou, mais je vais avoir besoin d'argent et de temps pour arriver là-bas. Ma priorité pour l'instant, c'est donc de quitter la Biélorussie et de passer la frontière.

Hurlement.

Pauvre fille. Je l'entends qui commence à sangloter et l'homme lui hurle dessus de plus belle. On ne parle pas tout à fait la même langue et il est complètement ivre, mais je comprends quelques insultes et l'idée principale: elle est encore enceinte et il est convaincu que ce n'est pas de lui. Ils doivent vivre tous les quatre dans une pièce à peine plus grande que ma piaule, et je n'ai pas entendu la fille sortir une seule fois depuis que je suis arrivée. A mon humble avis, si le gosse n'est pas de lui, c'est l'immaculée conception.
Je décide qu'il est l'heure de partir. Je jette le peu de fringues que je possède dans mon sac élimé, ajoute par-dessus un peu de bouffe et quelques papiers. Je considère un instant l'idée de sortir avec juste un sweat mais ma mère m'a toujours dit que même si je ne sentais pas le froid, il agissait sur mon corps. J'enfile un manteau qu'à Athènes on considère comme "d'hiver". Je balance mon sac sur mon épaule droite et prends mon arme dans la gauche. Il faut que je règle un détail avant de partir.

Hurlement.

Je fous un coup de pied dans leur porte qui, coup de bol, n'a pas de barre pour la fermer. Le contreplaqué pourri craque sous ma botte et Mister Vodka se retourne brusquement vers moi. Son air passe brutalement d'ahuri à fou de colère, il pourrait sûrement me tuer d'un coup de poing bien placé. Il s'avance vers moi en marmonnant ce que je suppose être des insultes, derrière lui, sa dulcinée ouvre de grands yeux bleus effarés. Il me balance une autre bordée d'injures dans laquelle je comprends "pétasse" et "salope". Il arrive à un mètre de moi et je lui tire une balle dans la tête.
Sa cervelle vient repeindre le plafond, la fille hurle de plus belle en se cramponnant à ses mioches. Un flot ininterrompu de paroles sort de sa bouche, elle articule mal mais je crois qu'elle me supplie de ne pas les tuer, elle et sa marmaille.
Je jette un coup d'œil dans le couloir, mais vu la gueule de l'hôtel, personne ne doit s'inquiéter d'entendre un coup de feu, ou alors ils ont tous trop les foies pour venir voir ce qui se passe.
Je glisse le flingue dans l'arrière de mon pantalon, comme ils le font dans les séries américaines, et enjambe le sac à vin pour m'accroupir devant la gamine qui semble sur le point de s'évanouir.
J'articule du mieux que je peux pour qu'elle me comprenne: "Tu mérites mieux que ça. Casse-toi d'ici et trouve-leur un père qui ne boive pas ton argent. Tiens." Je lui tends une liasse de billets. Elle en aura probablement plus besoin que moi. Elle a dû me comprendre car elle ramasse ses possessions en une vitesse record et crache au visage de son époux avant de passer par dessus pour sortir de la pièce avec la dignité d'une reine.
J'suis pas mécontente de mon coup.
Je jette à peine un regard au cadavre en sortant de la chambre à mon tour. Vaut mieux pas trop trainer dans les environs.

Demain je suis en Russie. A la fin de la semaine je serais surement à Moscou. Si j'ai pu traverser l'Europe jusqu'ici, je peux finir mon voyage sans encombres.
La journée ne fait que commencer.



[Youhouuu j'ai écriiiit!
Donc ceci est un texte sur mon personnage Katarina, ça m'est venu hier en m'endormant, et pour une fois j'ai réussi à m'en souvenir et à l'écrire le lendemain. Joie et bonheur sur la Terre.
C'est du texte tout chaud écrit en une seule fois (direct sur blogger en plus) donc vos avis et critiques sont les bienvenus.
Bisous mes petits lecteurs que j'aime.
PS en tout petit: merci Jaja pour la relecture!]