samedi 12 avril 2008
La journée ne fait que commencer.
Hurlement.
Je dégringole de ma couchette et heurte violemment le sol. J'ai à peine le temps de me mettre à genoux avant de vomir le peu de nourriture que j'ai avalé hier.
Mon estomac se contracte douloureusement, cherchant à expulser tout ce qu'il contient. Ca fait affreusement mal et pour la première fois depuis plusieurs semaines, je ressens la faim.
Tandis que ma main gauche retient mes cheveux en arrière, la droite se glisse sous mon oreiller pour y saisir mon arme. Le contact froid et lisse du 9mm calme rapidement mes hauts-le-cœur. Je n'ai que quinze ans, mais je sais très bien m'en servir, avec un flingue en main je suis en sécurité.
Instinctivement, mon regard se braque sur la porte de la chambre. De ma chambre. La barre est toujours en place, personne ne peut entrer... Respire, Katia.
En prenant garde à ne pas marcher dans mon repas d'hier, je me redresse et m'assieds sur mon lit. Enfin, ce que les tenanciers de cet horrible hôtel appellent un lit. Moi, un sommier en fer fixé au mur par des chaînes avec par dessus un matelas rembourré de paille et une couverture de survie, je n'appelle pas ça un lit. Hestia s'évanouirait probablement si je tentais de la faire dormir là-dessus.
Je redresse la tête et tombe face à face avec mon reflet dans la glace. Nul besoin de la couchette miteuse, Hestia tomberait dans les pommes rien qu'en me voyant. J'ai dû perdre au moins dix kilos depuis que j'ai quitté Athènes, mes cheveux sont emmêlés et sales, ils se dressent comme de la paille noire sur mon crâne, et mon t-shirt sans manches est aussi crade que mes jeans trop larges.
Hurlement.
Je comprends ce qui m'a réveillée. Le fait que les cris de cette femme coïncident avec mon rêve...
Il est sept heures du matin et le mari de la gamine d'à côté la frappe déjà. Cette fille ne doit pas être beaucoup plus âgée que moi, elle a déjà deux mioches sur les bras, et son cher et tendre époux est une grosse brute avinée. Mon sort n'est pas si triste que ça.
La lumière augmente depuis mon réveil, la journée commence. Ce soir, avec un peu de chance, je serais en Russie. Ma destination finale est Moscou, mais je vais avoir besoin d'argent et de temps pour arriver là-bas. Ma priorité pour l'instant, c'est donc de quitter la Biélorussie et de passer la frontière.
Hurlement.
Pauvre fille. Je l'entends qui commence à sangloter et l'homme lui hurle dessus de plus belle. On ne parle pas tout à fait la même langue et il est complètement ivre, mais je comprends quelques insultes et l'idée principale: elle est encore enceinte et il est convaincu que ce n'est pas de lui. Ils doivent vivre tous les quatre dans une pièce à peine plus grande que ma piaule, et je n'ai pas entendu la fille sortir une seule fois depuis que je suis arrivée. A mon humble avis, si le gosse n'est pas de lui, c'est l'immaculée conception.
Je décide qu'il est l'heure de partir. Je jette le peu de fringues que je possède dans mon sac élimé, ajoute par-dessus un peu de bouffe et quelques papiers. Je considère un instant l'idée de sortir avec juste un sweat mais ma mère m'a toujours dit que même si je ne sentais pas le froid, il agissait sur mon corps. J'enfile un manteau qu'à Athènes on considère comme "d'hiver". Je balance mon sac sur mon épaule droite et prends mon arme dans la gauche. Il faut que je règle un détail avant de partir.
Hurlement.
Je fous un coup de pied dans leur porte qui, coup de bol, n'a pas de barre pour la fermer. Le contreplaqué pourri craque sous ma botte et Mister Vodka se retourne brusquement vers moi. Son air passe brutalement d'ahuri à fou de colère, il pourrait sûrement me tuer d'un coup de poing bien placé. Il s'avance vers moi en marmonnant ce que je suppose être des insultes, derrière lui, sa dulcinée ouvre de grands yeux bleus effarés. Il me balance une autre bordée d'injures dans laquelle je comprends "pétasse" et "salope". Il arrive à un mètre de moi et je lui tire une balle dans la tête.
Sa cervelle vient repeindre le plafond, la fille hurle de plus belle en se cramponnant à ses mioches. Un flot ininterrompu de paroles sort de sa bouche, elle articule mal mais je crois qu'elle me supplie de ne pas les tuer, elle et sa marmaille.
Je jette un coup d'œil dans le couloir, mais vu la gueule de l'hôtel, personne ne doit s'inquiéter d'entendre un coup de feu, ou alors ils ont tous trop les foies pour venir voir ce qui se passe.
Je glisse le flingue dans l'arrière de mon pantalon, comme ils le font dans les séries américaines, et enjambe le sac à vin pour m'accroupir devant la gamine qui semble sur le point de s'évanouir.
J'articule du mieux que je peux pour qu'elle me comprenne: "Tu mérites mieux que ça. Casse-toi d'ici et trouve-leur un père qui ne boive pas ton argent. Tiens." Je lui tends une liasse de billets. Elle en aura probablement plus besoin que moi. Elle a dû me comprendre car elle ramasse ses possessions en une vitesse record et crache au visage de son époux avant de passer par dessus pour sortir de la pièce avec la dignité d'une reine.
J'suis pas mécontente de mon coup.
Je jette à peine un regard au cadavre en sortant de la chambre à mon tour. Vaut mieux pas trop trainer dans les environs.
Demain je suis en Russie. A la fin de la semaine je serais surement à Moscou. Si j'ai pu traverser l'Europe jusqu'ici, je peux finir mon voyage sans encombres.
La journée ne fait que commencer.
[Youhouuu j'ai écriiiit!
Donc ceci est un texte sur mon personnage Katarina, ça m'est venu hier en m'endormant, et pour une fois j'ai réussi à m'en souvenir et à l'écrire le lendemain. Joie et bonheur sur la Terre.
C'est du texte tout chaud écrit en une seule fois (direct sur blogger en plus) donc vos avis et critiques sont les bienvenus.
Bisous mes petits lecteurs que j'aime.
PS en tout petit: merci Jaja pour la relecture!]
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6 commentaires:
*sur le cul*
T'es une championne quand tu veux XD !
Sincèrement ça en jette, mais j'aimerais bien savoir quel rôle tu donnes à tes textes, ils sont chargés d'intrigues antérieures et futures soupçonnée, mais tu as l'intention de les complèter ou bien est-ce juste un exercice de style (très réussi) ?
Eh bien, mademoiselle, c'est un style pour le moins efficace! Chapeau. Il faut reconnaitre que la partie moralisatrice " trouves-toi un mari qui ne boive pas ton argent." est un peu convenue, c'est un passage obligé qui n'apporte rien de plus à l'histoire. Sauf pour justifier l'acte de meurtre, presque pour la bonne cause de la jeune épouse et faire de ton personnage "un gentil", et encore, c'est un argument qui ne tient guère, vu le caractère explosif du personnage principal et accessoirement le fait que classer les gentils et les méchants est une des choses que tu ne feras jamais, parce que c'est stupide et inintéressant. Enfin, peut-être qu'un enchainement logique acceptable m'apparaitra en lisant la suite et le début(?) de cette histoire de traque.
Au plaisir de te lire
Charlène
Spero/Lapinou:
Tu sais que je t'aime toi gnou:?
Charlène:
Enfin un commentaire!
Je dois avouer que j'ai hésité pour la phrase "moralisatrice" mais du fait du passé familial et du caractère de Katarina, ça me parait cohérent.
Merci d'avoir pris la peine de donner ton avis ^^
Wahou. =D
Bon ok, moi j'suis un pauvre type qui essaie en vain d'être un pseudo-scientifique, j'y connais rien mais j'ai bien aimé quand même.
Cela dit, j'espère que tu n'exprimes pas ici une envie de faire la même chose au père de ton enfant. Enfin, je ne suis pas allé jusqu'à faire une entorse à la Justice... (Ohohoh... ^^)
Ouah!
Et tu as écris ça directement sur blogger... ... la vache XD c'est pas possible d'être aussi douée... *humpf*
J'adore vraiment tous tes personnages, à partir de simple textes tu arrive à décrire leur personalité, les dessiner à la perfection... quand je vois tous tes textes je me dis, qu'une fois assemblés, ça ferait un texte à la hauteur et dans la même ligne du film Babel...
En tout cas bravo Ninoune ^^
Saumon de mon coeur/Père indigne/Damien:
Hey, bel effort le scientifique de commenter un texte! Merci de ton avis, tu sais que ton opinion compte. (et si tu le savais pas, bah maintenant tu le sais)
Petit apparté: ESPECE DE CONNARD TU MERITERAIS QUE JE T'EN COLLE UNE DE BALLE DANS LA TETE VU COMMENT TU (NE) T'OCCUPES (PAS) DE TA FILLE UNIQUE ET ADOREE!!! Bisous bisous =D
Wolfynou/Pupuce/PoireauBoynotresauveuroupas:
Tu sais que j'aime quand tu me fais des compliments? :D
Parce qu'en plus je lis ce que toi tu écris et tu sais que c'est divinement bon, donc un compliment de Monsieur EDC (ou de Monsieur RDA d'ailleurs) ça fait bien plaisir ^^.
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