mercredi 9 avril 2008

Scénario Catastrophe


Tout commence simplement.

Maux de tête fréquents, maladies à répétition, tête qui tourne. Rien de bien alarmant, ça passe vite et on oublie.
Et vient le jour où les vertiges t'amènent au bord de l'évanouissement. Tu es là, en peignoir dans la salle de bain, les yeux fermés car tu ne peux simplement pas les ouvrir, tes mains agrippées au mur d'un côté et au lavabo de l'autre. Tu tangues, tu penches, et soudainement tu as peur.
Toute la journée, ta vie est un calvaire. Te rendre du salon à la cuisine sans tomber est un parcours du combattant, le mur et les chaises te tiennent lieu de cane.
Tu prends rendez-vous chez le médecin, tu traines devant la télé car le reste te donne trop mal au crâne, tu badines avec tes amis car il ne faut pas dramatiser pour rien. Mais au fond tu crèves de trouille...

Trop d'évènements l'année passée t'ont sensibilisée à la fragilité de la vie. Et tu sais pertinemment que ça n'arrive pas qu'aux autres.

Tu attends toute la journée, tu tentes de t'occuper mais tout est trop dur ou douloureux. Tu te demandes ce que ça ferait de vivre toute une vie comme ça et tu flippes.
L'heure du rendez-vous arrivé, tu tardes à quitter l'appartement, tu sais bien qu'on ne te découvrira pas un truc grave dans un cabinet de généraliste, mais n'empêche.
Tu arrives pile à l'heure chez le médecin. Tu poireautes une bonne demie heure, sous toi, la chaise tangue. Puis le médecin arrive enfin. "La" médecin plutôt. Elle a l'air sympa et tu te sens en confiance: tu lui expliques ce qui ne va pas et elle te prescrit un bilan sanguin complet, des comprimés et une visite chez l'ORL. Tu t'es mis dans la tête que ce n'est pas le tympan, mais que c'est le cerveau...

De là tout part en vrille.
Les scenarii catastrophe s'enchaînent dans ta tête, et ton imagination a déjà échafaudé la fin.

Tu te vois chez l'ORL impuissant qui te renvoie chez le neurologue. Tu vois tes analyses de sang revenir avec la preuve de ce que tu craignais. Tu te vois en train de passer le fameux scan-crânien. Tu te vois ressortir du cabinet avec la certitude que ça a commencé.
Et en effet, ça a commencé.
La malédiction familiale s'abat sur toi bien plus tôt que prévu. Ta mère est dévastée. Dévastée mais, comme toujours, forte pour deux.
Commence le traitement. Certains jours, c'est si douloureux que tu crèves d'envie de te jeter sous un métro ou de te gaver de barbituriques. Tu ne le fais pas: en même temps que ces corps étrangers se répand en toi ce besoin primitif de lutter.
Alors tu luttes. Et ils luttent avec toi.
Ils font semblant de ne pas remarquer tes joues qui se creusent et ton teint qui est passé de pâle à cadavérique. Ils font comme si rien n'avait changé mais cessent brutalement de parler quand tu entres dans une pièce.

Un jour, tu fais face à ton reflet chauve. Tu n'as jamais autant pleuré de ta vie.
Alors à ton tour tu fais semblant. Semblant de vivre normalement. Semblant de ne pas voir ces gens qui te dévisagent dans le métro en se demandant si tu as rasé tes cheveux ou...
Tu refuses de pleurer devant les autres, mais parfois les vannes s'ouvrent d'elles-mêmes. Un peu trop souvent à ton goût d'ailleurs.

Tu sais que les rayons ne fonctionnent pas. Tu es jeune mais pas stupide. Encore que tu as l'impression d'avoir pris vingt ans en six mois.
Alors tu décides d'en profiter pour vivre. Tu lâches ton appart que tu aimais tant. Tu vends ces choses sans intérêt que tu as accumulé au cours des années. Autant profiter de l'argent maintenant, il ne te servira à rien de l'autre côté.
Tu visites l'Europe. Tu visites les Etats-Unis. Et puis un jour ta mère s'endette et te paye ton billet pour l'Islande.
Tu pars seule et elle se ronge les sangs, mais tu en as besoin. Ce jour là, devant une étendue infinie d'eau, tu ne pleures pas pour toi. Tu pleures simplement. Ces larmes emportent ton trop-plein d'émotions et tu te sens le besoin d'écrire.

Et une idée te vient...
Peut-être qu'en fait tu sens juste la Terre tourner.
Peut-être que ce n'est que ça.
Peut-être...


1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'espère qu'aujourd'hui ça va mieux. Je ne sais pas trop quoi te dire à part qu'il n'est pas nécessaire d'envisager le pire. Cela pourrit le présent et ne change rien à l'avenir (et je fais des rimes en ir XD).

(Désolée si tu reçois plusieurs fois le même com de ma part, mais blogger me prend la tête. Il ne semble pas vouloir envoyer mon com pour validation ninesque snif)