lundi 16 mars 2020

Comme un bonsaï

Quand j'étais enfant, on m'a offert un bonsaï.

Je ne me souviens pas très bien de quel type d'arbre il s'agissait, mais le pot en céramique dans lequel il était planté était d'un superbe bleu roi. 

A l'époque, je pensais que le bonsaï était une espèce d'arbres minuscules à vie. Qu'ils étaient naturellement comme ça. Un peu comme l'épagneul papillon de mes voisins qui était une version miniature du colley de ma tante. Pareil, mais en petit.

Et puis un jour, on m'a appris qu'en fait, pas du tout. Pour faire un bonsaï, on manipule un arbre "normal" pour qu'il ressemble le plus possible à un arbre adulte épanoui dans la nature... tout en faisant en sorte qu'il prenne peu de place.
On le taille d'une certaine façon, on le met dans un pot penché, on force ses racines à remonter en surface, on dirige ses branches et son tronc pour qu'ils prennent une forme adaptée.
C'est un art.

Et en ce moment je me sens un peu comme un bonsaï. Incapable de prendre de l'ampleur, taillée quand je commence à m'étaler, ramenée à mon apparence, à l'étroit dans un pot trop petit.
Et je m'écrase de plus en plus, en tirant même une certaine satisfaction. "Regardez comme ma branche est tordue dans une posture inconfortable mais visuellement plaisante !" "Admirez comme je me rapetisse pour vous, majestueuse dans mon espace restreint !" "Voyez comme je laisse vos mains me modeler comme si j'étais vôtre."

A l'étroit dans mon écorce biscornue et fière me plier à vos regards. Une version portable, facile à gérer, agréable en décoration.

Parfaite imitation de l'arbre adulte épanoui dans la nature.



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