samedi 12 mars 2016

Tu crois que tu n'as pas peur

Il est 20h un vendredi et je suis en pyjama, roulée en boule sur mon lit, à attendre je ne sais trop quoi. 
Depuis novembre dernier je n'ai pas trop réfléchi à l'impact au long terme qu'avaient eu les attentats sur moi. Après tout, je n'ai perdu personne, aucun de mes amis n'a été blessé, j'ai appris des mois plus tard qu'une personne que j'aime beaucoup avait passé une partie de la soirée enfermée dans un placard du Bataclan. Mais elle allait bien et souriait doucement en me le racontant donc...

Et ce soir une amie m'a reparlé du risque qu'on courait. M'a recommandé de ne pas sortir parce qu'elle avait entendu un truc, une rumeur. Et des rumeurs, merde, depuis Charlie Hebdo on en entend tout le temps. Mais là...
Je n'ai pas le moral et je suis fatiguée et... 

Tu crois que tu n'as pas peur. Tu vis ta vie, tu sors, tu bois et tu danses.
 
Tu crois que tu n'as pas peur.
Jusqu'au jour où tu rentres bien vite chez toi te cacher dans ton lit et attendre que la nuit passe.
 
 
[Hier je suis rentrée chez moi, les tripes nouées, je me suis mise en pyjama, toutes lumières allumées, et j'ai écrit ça. Ensuite, j'ai somnolé pendant cinq heures, essayant de décider si je devais me lever et manger un truc, regarder une série. Et puis je me suis dit que non, j'ai éteint les lumières et j'ai dormi. 
J'ai l'impression d'avoir perdu une bataille.]

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