mardi 28 septembre 2010

We might as well...


Je pense souvent à toi. Ou du moins, à l'image que je me fais de toi.
Seulement quelques années ont passé mais elles s'étirent dans mon esprit comme autant de siècles. Et tu dois avoir tant changé.
Te reconnaîtrais-je si je te croisais dans la rue? Je pense que oui. Je l'espère... Bien sûr que oui... Personne ne change si vite.


Et pourtant, les fils qui nous tenaient liés l'un à l'autre se sont lentement décousus, effilochés et ont fini par rompre. Je pourrais me retrouver en face de toi et ne voir qu'un étranger. Sonder un visage inconnu, un esprit imperméable, des sentiments inaccessibles. Un étranger.
Comment en est-on arrivé là? Je me le demande encore. Je regarde les photos au mur, relis les lettres et tout me semble normal. Mais l'éloignement s'installe. Les conversations raccourcissent et les silences s'allongent. Et durent, durent. Le fait de ne plus avoir de nouvelles pendant des jours inquiète d'abord, puis devient la norme. Et les jours se transforment en semaines.


Et un jour, on se croise dans le métro. Les regards fuient, les politesses sont forcées, les protagonistes sont mal à l'aise. On s'est oublié. On ne se déteste même pas. On ne se connaît juste plus.
On se quitte sur un "A plus tard" qui n'arrive pas. Des jours, des semaines, des mois.
Le manque se fait de moins en moins pénible. La plaie que tu as laissée cicatrise, la place vacante se remplit d'autres gens, d'autres choses. De souvenirs, de sons et de couleurs qui n'ont rien à voir avec toi.

La page se tourne. Tu n'es plus qu'un autre visage souriant sur les pages d'un album photo.

On pourrait aussi bien ne jamais s'être connus.


[Tentative de motivation.
A chaque fois qu'on abandonne l'écriture,
le retour au clavier se fait de plus en plus difficile.]

7 commentaires:

Silver a dit…

De plus en plus difficile de retourner au clavier, peut-être, mais on retrouve toujours autant la même sincérité dans tes mots... C'est beau et triste, ça se marie parfaitement au morceau associé. J'en ressors avec une sensation étrange au creux de l'estomac donc je suppose que tu as, encore une fois, réussi à merveille ton texte.

Maky a dit…

Je trouve que c'est vraiment bien écrit. Ce texte me parle énormément. Faut dire que ce sujet est un de mes petits traumatismes, une de mes petites obsessions : la peur de la distance qui s'installe, qui devient normale, sans même parfois que l'on s'en rende réellement compte. On le réalise que quand elle est là, et c'est déjà trop tard.

J'aime.

Nine a dit…

Maky, je dois t'avouer que j'ai un peu pensé à toi en relisant. Je suis contente que le texte te plaise.

Loulou a dit…

Whaouh... c'est exactement ce que je vis avec une amie en ce moment. Mais alors exactement. On n'a plus rien à se dire et pourtant aucune de nous deux n'aurait jamais cru cela possible.
Du coup c'est assez douloureux à lire comme texte. Ce qui le rend encore plus beau je pense.

Nine a dit…

@Loulou: J'ai l'impression que ça arrive à tout le monde. On a tellement l'impression d'être partie intégrante d'une personne qu'on finit par ne plus y faire attention, la relation fait partie des meubles jusqu'au jour où plus rien ne nous retient l'un à l'autre. Du coup c'est vraiment super triste, parce qu'il n'y a pas de ressentiment, pas de haine, juste un grand vide que plus personne ne sait comment combler...
En tous cas, merci pour le commentaire, ça fait toujours plaisir!

lotemouch a dit…

c'est très joliment dit ..je pense bien que tout le monde vie ca au moins une fois .. mais il fallait mettre des mots dessus, et tu l'as fait, et ca donne vachement bien.
J'aime bcp

Nine a dit…

Merci Lotemouch!