Fond sonore
Sonnerie.
…
Sonnerie.
….
Sonnerie.
…
- Oui?
J’entends comme un soupir de soulagement à l’autre bout du fil.
- Azu… C’est moi…
- ... Une seconde.
Je m’extrais péniblement du lit, m’emmêlant dans les couvertures. Otis grogne en me sentant me lever.
- C’est qui…? marmonne-t-il, la tête dans l’édredon.
- Personne, je reviens, dors.
Doucement, je sors de la chambre et descends l’escalier, le téléphone toujours à la main. Arrivée dans la pénombre du salon, je reprends:
- Qu’est-ce qui se passe, Zach? Un problème?
- … Non, pas vraiment. Je… J’avais juste envie de parler un peu.
Sans vraiment réfléchir, je marche jusqu’à la cuisine. C’est de cette pièce qu’on a la plus belle vue la nuit. Je me hisse et m’assieds sur le comptoir, attrape une tasse dans le placard au dessus de ma tête et mets un peu d’eau à chauffer.
- Zach, il est quatre heures du mat’ ici, tu as sûrement conscience de ça…
- Oui. Je suis à Londres. Merde, j’suis désolé. J’aurais pas du appeler.
- Non, c’est bon. Je suis réveillée maintenant de toute manière…
- Et… Otis…
- Dort à poings fermés à l’étage au dessus. Comme… Cassandra, je présume?
La bouilloire siffle doucement. Je change mon téléphone d’oreille, verse l’eau chaude dans la tasse et laisse le thé infuser. De l’autre côté de ma baie vitrée, Paris se réveille, l’agitation commence. J’aurais bien fait la grasse mat’.
- Cassandra… Je ne suis plus avec. Depuis presque trois mois.
Trois mois? Ils ne s’étaient pas parlé depuis plus de trois mois?!
- Azu, écoute, je suis désolé de t’avoir réveillée, je… J’ai fait un cauchemar et je voulais être sûr que tu allais bien.
Je me brûle avec une gorgée de mon thé en avalant de travers.
- Un cauchemar?
Je l’entends soupirer à l’autre bout du fil. De soulagement ou d’ennui, je ne sais pas.
- Oui. Depuis la disparition de Vendetta, je… je flippe un peu.
Je soupire à mon tour. Tout le monde sur les nerfs depuis que Vendetta s’est évaporée il y a une semaine.
- Je vais bien, Zach. Très bien.
- D’accord. Je… désolé alors, je vais te laisser…
- Non!
Merde, j’aurais pu éviter le ton totalement désespéré quand même. J’inspire un grand coup avant de reprendre plus calmement.
- Non, c’est bon. On peut discuter si tu veux… Comment vont tes sœurs?
J’avoue que lui rappeler ses petites sœurs n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit, mais c’est vraiment la première chose qui me soit venue à l’esprit. Tout plutôt que de le laisser raccrocher maintenant. Je descends de mon perchoir et commence à faire les cent pas dans la cuisine.
- Elles vont bien. Je m’inquiète aussi pour elles tu sais. Je ne sais pas trop ce que fait Stella en ce moment. Heureusement, Cris est toujours à l’école, ça me permet d’avoir l’œil sur elle… Merde je … Azu, je voudrais m’excuser…
- Non, laisse tomber je t’ai dit que ce n’…
- Pas à propos de l’appel… A propos de nous, enfin, de moi. J’ai été vraiment con. Je, je n’aurais pas du te traiter comme ça. Je faisais ça pour te protéger mais… t’écarter n’était pas la bonne solution.
Je pile brutalement au milieu de la cuisine. Pardon?! M’appuyant contre l’un des comptoirs, je me laisse glisser à terre. Au passage, je renverse un peu de thé au sol mais je m’en fous. Il fallait qu’il m’appelle à quatre heures du matin pour me dire ça.
- Ce qui est fait est fait, Zach…
- Je t’ai fait du mal…
- Oui. Mais c’est passé. Je m’en suis remise…
… Presque.
Silence de l’autre côté de la Manche.
- Zach? Tu es toujours là?
- Oui, je… D’accord oui. Écoute, je ne t’appellerai plus, je crois que ça vaut mieux.
PARDON?! J’entends vaguement comme un bruit de verre qui se brise, mais ce n’est que lorsque le thé tiède commence à couler entre mes doigts de pieds que je me rends compte que je viens de lâcher ma tasse et qu'elle est allée s’écraser sur le carrelage. Bizarrement, je ne me sens pas vraiment concernée par ce détail.
- Comment ça? Tu as le droit de m’appeler! On peut être… amis…
Je l’entends étouffer un rire sans joie. Ouais, moi non plus je ne suis pas convaincue.
- Azu, on ne sera jamais "amis", on n’a jamais été juste amis, tu le sais.
Oui. De l’autre côté de la baie vitrée le ciel s’éclaircit lentement. Le bourdonnement de la ville parisienne s’élève peu à peu dans les airs. Mes pieds baignent dans des restes de thé froid…
- Azuline. Je vais raccrocher.
Oui.
- … Désolé de t’avoir réveillée. Je suis content de savoir que tu vas bien.
… Presque.
- … Azuline, je… Passe une bonne journée.
Je ne sais pas combien de temps je reste là, à écouter la tonalité du téléphone, observant les gens vivre dehors, les pieds gelés. Lorsque je reprends conscience, le Soleil se lève sur Paris, faisant briller les toits en fer et apportant avec lui son concert de bruits de moteurs, de cris et de sirènes.
Je me relève péniblement, mes membres engourdis. Je laisse les restes de la tasse et du thé où ils sont, la bonne ne va pas tarder à arriver. Otis va bientôt se réveiller.
Je remonte dans la chambre, la tête comme dans du coton, et me glisse le plus discrètement possible à côté d’un Otis dormant à poings fermés.
Bercée par ses légers ronflements, je commence à dériver vers le sommeil. Des souvenirs de vitres couvertes de buée, du bruit de la pluie et des voitures qui klaxonnent emplissent mon esprit. Je m’enfonce un peu plus dans l’oreiller, tentant de retrouver la chaleur du moment, tes mains, ta bouche.
Je suis heureuse.
Car quand je suis avec toi, il n’y a pas de presque.
[Texte matinal avant de partir en cours. Merci Bloc Party pour le regain d'inspiration. C'est pas génial, c'est pas relu, je sais, mais bon. (pour les connaisseurs, le texte se situe au même moment que 'Sans but ni fin' et 'Reste')]
2 commentaires:
Eh bien c'est sympa tout plein. Je dois avouer que j'ai eu du mal avec le début, j'ai eu beaucoup de mal à comprendre qui disait/faisait quoi. Et le reste... ben j'aime assez, ce n'est pas transcendant mais ça apporte une nouvelle pierre à l'édifice de tes personnages. J'aime beaucoup cette période là, la crise que provoque Vendetta sur les huit autres. (et c'est là que je trouve encore que le parallèle 9 lives/4Fs est assez frappant dans l'idée) En tout cas j'aime beaucoup le final, avec cette démonstration de l'ambiance, ce Paris qui se lève... c'est joliment présenté.
Enfin voilà, toujours un plaisir de te lire!
(Jaja) - Il y avait quand même une faute à "c’est vraiment la première chose qui m’est venu à l’esprit.". C'est "Qui me soit venue". *gnou* Sinon c'était sympa.
Des persos qui introspectisent beaucoup, pas d'action, et plein de détails de partout.
Du Nine quoi.
J'aime.
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