mercredi 20 août 2008

Carve your name into my arm




" ...état stable. On va le garder quelques jours en observation pour le principe, mais sinon il va bien.
- Il ne va pas bien ! Il a tenté de se suicider !
- Je ne pense pas, non. J'ai cru comprendre que sa fiancée est décédée... Il avait sûrement besoin de matérialiser sa peine, de la rendre physique et réelle pour que tout le monde puisse la voir.
- Donc ce n'est pas un suicide... ?
- Selon moi, non. Votre fils est un garçon intelligent, il a pris juste assez de comprimés pour "s'anesthésier", atténuer la douleur. Le stress, la fatigue, ajoutés aux médicaments, à l'alcool et à la perte de sang ont provoqué l'évanouissement.
- Donc... Il ne voulait pas mourir ?
- Non, madame. Je pense que ce que votre fils a fait relevait plus de l'appel à l'aide que de l'acte suicidaire... Veuillez m'excuser, je dois continuer mes visites, mais je repasserai demain dans la matinée pour voir comment la situation évolue. N'ayez aucune crainte madame, votre fils est un garçon solide et il est entre de bonnes mains.
- Bien. Oui. M-merci, docteur...

Les bruits de pas s'éloignent et la porte s'ouvre puis se referme en grinçant légèrement, le son résonnant toujours de façon étrange, comme filtrée.

- Tu ne voulais pas mourir", souffle ma mère en se laissant tomber sur une chaise à côté de mon lit.

J'aimerais lui dire que non, je ne voulais pas mourir, mais je n'ai déjà pas la force d'ouvrir les yeux alors parler me semble tout bonnement impossible.
Si je pouvais parler, je ne lui dirais certainement pas la vraie raison des cicatrices sur mon bras -je me demande si elle a pu les voir-, mais au moins, je pourrais la rassurer, lui jurer que jamais je n'infligerai un nouveau deuil à une femme qui a déjà perdu trois enfants. Mourir serait lâche. Et je t'ai promis de survivre, alors...

Je ne crois pas non plus à la théorie du médecin. Je ne voulais pas "rendre ma peine plus réelle". Je voulais juste être sûr que chaque matin de chaque jour, pour le restant de ma vie, lorsque j'ouvrirai les yeux je verrai cette cicatrice. Et que ma première pensée de la journée serait pour toi.
Comme le docteur l'a si bien dit, je suis un garçon intelligent. Si j'avais voulu me suicider, je me serais ouvert les veines dans le sens de la longueur avec une jolie lame de rasoir. Je n'aurais pas gravé ton prénom dans mon avant bras avec un clou.

"
Juliette..."



[Texte écrit à la main sur un superbe papier à entête du CIC. C'est (encore) Rémy. Suite plus ou moins du texte Ne doute jamais de mon amour. Tralapouetpouet. Commentaires, critiques, corrections, etc etc etc. EDIT: Début du texte viré suite à une remarque judicieuse de Wolfy]

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau texte.
J'ai pas tout de suite identifié le narrateur mais j'aime beaucoup la mise au point à la fin qui prend à rebours les paroles du médecin et de la mère, une excellente mise au point qui attriste un peu.

Anonyme a dit…

La fin, yerk !

Sinon, comme dit, c'est court, mais c'est chouette. On en veut plus !

Silver a dit…

J'adore comment, un jour après que tu sortes "Oh noooon, je ne suis pas inspirée en ce moment...", tu en poste un.
Ton idée d'hier me plaisait déjà pas mal, j'y associe facilement l'ambiance de The Fountain et il est tout de suite plus facile d'imaginer Rémy et ses états-d'âme. La seule fausse note (Ice : ?) du texte pour moi est le début, j'aurais préféré que ça commence directement par le dialogue mère/médecin qui est absolument parfait, j'adore le fait qu'il soit du point de vue de Rémy.
Bref j'ai beaucoup aimé ce texte, le fait qu'on s'oriente vers une branche plus tragique de ta plume à chaque apparition de Rémy est très interessant. Y a pas à dire, j'aime le concept Nine Lives! *GNE*

Nine a dit…

@ Pupuce: Comme je te l'ai dit, je n'avais pas écrit l'intro du texte à la base et en effet je n'aurais pas dû la rajouter, elle sonne faux.
Donc je la vire.
Et merci de commenter à chaque fois ^^

@ Spero: Merci mon lapiiin. J'aime bien que tu mettes l'accent sur la fin parce que c'est la partie que je préfère.

@ Jacob: :gnou: