jeudi 18 février 2010

Strangers 1 - C.


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Ce même paysage défile de l'autre côté de la vitre.
Le soleil se couche encore sur la banlieue parisienne, dans les tours les fenêtres s'illuminent. Des immeubles, des usines, des esplanades, le tout d'un beau gris uniforme et les silhouettes sombres assises sur un banc, groupées sous un lampadaires, adossées à un grillage.
La même mise en scène tous les jours, des acteurs répétant le même rôle en boucle. Comme les vitrines des Galeries Lafayette à Noël.
Sauf que là, personne ne s'amasse pour regarder les figurines danser.

Combien de temps avant la révolution d...
"

-Bonsoir monsieur, contrôle des billets.
-Hein? Ah, hm pardon.
J'ôte un de mes écouteurs et extirpe tant bien que mal mon pass Navigo de la poche arrière de mon jean.
-Merci, bonne soirée.
Je hoche la tête mécaniquement en remettant le pass à sa place.
Bon, merde, j'ai perdu le fil du coup... Les figurines... Hm non, "pantins" serait mieux... Oh et puis merde. Je fourre mon carnet dans mon sac à dos, passablement énervé.

Trois semaines que j'essaie de pondre un texte à la con et rien ne vient. Même pas un truc pourri. C'est quoi, la période de jachère de mon cerveau de pseudo écrivain? Le syndicat de mes neurones pourrait pas me prévenir avant de se déclarer en RTT?
Je réajuste le col de ma veste en râlant, la climatisation souffle encore trop fort. Je pourrais attaquer la SNCF en justice avec tous les torticolis que je me suis chopés par sa faute.
Voilà, je suis sur les nerfs, merveilleux. Evidemment, je crève d'envie de fumer une clope. Je sors mon portable de ma veste: 19h54. Génial, j'arrive dans 35 minutes...
Tentant de m'enlever le tabac de l'esprit, je jette un coup d'oeil aux autres voyageurs. Trois adolescentes en pleine discussion, un vieillard et sa petite-fille, deux dames faisant des mots-fléchés, ... rien d'intéressant.
Mais où est passée cette putain d'inspiration?

Le bout de mon carnet dépasse du sac. Il me nargue le salaud. Histoire de le faire taire, je m'en saisis et le feuillète. C'est un vrai fourre-tout. Trois ans de gribouillis, de dessins plus aboutis, de pensées, de textes, de bouts de vie, de mélodies, ...
C'était si facile, si naturel.

Alors pourquoi est-ce que je n'y arrive plus?




[bah oui, le pauvre... Pourquoi?]


2 commentaires:

Distantwaves a dit…

Merde, ce texte, c'est comme si tu m'avais pris comme personnage principal et que tu m'avais balancé chez toi. Je porte mon pass navigo dans la poche arrière de mon jean. Je prends le train, j'ai mes écouteurs, je fixe les gens.

Nine a dit…

Toi... ou moi en garçon.
Pass navigo dans la poche arrière droite, experte en SNCF, écouteurs et gens à qui j'imagine une vie...