dimanche 24 janvier 2010

Ceux qui vivent

(Musique =>Burn My Shadow<=) C'est l'été. Les touristes débarquent avec leur cohorte de plaques d'immatriculation sans queue ni tête, leurs parasols et leurs gamins blancs et bruyants. Les vieux du coin restent assis sur leur banc, chapeau vissé sur le crâne, s'épongeant le front de temps à autres. Les jeunes déjà bien bronzés se baladent en petits groupes, riant derrière leurs lunettes de soleil.

J'observe la plage depuis la fenêtre de ma chambre. La maison de vacances est vide, fraîche malgré la chaleur extérieure et sent un peu le renfermé. Personne n'y a mis les pieds depuis des mois, personne n'a vraiment eu le temps de prendre des vacances.
Ce n'était pas non plus mon intention à la base, mais après trois mois à me morfondre au vignoble, déprimant tout le monde, mon frère m'a aimablement foutu dans un train en direction de la côte. Ma mère a crié au scandale, craignant sûrement que je ne profite de ma solitude pour me défenestrer ou quelque chose comme ça, mais a fini par me laisser partir en me rappelant d'appeler tous les soirs. Ou avant de sortir, si je sortais. Sortir, cette bonne blague.
Je n'ai même pas pris la peine de défaire ma valise ou de faire des courses. Je n'arrive pas à croire qu'il y a à peine un an, j'étais dans cette même maison en vacances avec mon frère, et que nous sortions boire le soir, manger dans les petits restaurants du remblais, marcher sur la plage.
Maintenant, sortir m'épuise. La foule, le bruit, les jeunes, les vieux et les touristes, tout ça me rend malade. Vincent dit que je dois me secouer, me reprendre, que je ne suis pas mort moi. Ce n'est pas faux. Mais comment faire? La vie me rend malade. Les gens me donnent la nausée.

"Driiiiiing"

Je sursaute au son strident du carillon de la porte d'entrée. Je n'ai rien commandé, personne ne sait que je suis là... Du porte à porte? Des témoins de Jéhovah? Je me traîne jusqu'à l'entrée et jette un coup d'œil à travers le judas de la porte.
De l'autre côté du panneau de bois, Anne-Sophie et Matthieu, mes cousins, piétinent. Pour le principe, Anne-So réappuit un grand coup sur la sonnette, me vrillant les tympans. Ma mère a dû les prévenir que j'étais arrivé. Ou Vincent.
"Rémy, c'est Matthieu, ouvre!" râle mon cousin.

J'ignore leurs appels et retourne dans ma chambre. Ils finiront bien par se lasser. Tout le monde finit par en avoir assez de mon silence et par abandonner l'idée de me sortir de ma léthargie. Personne n'a l'air de comprendre que j'ai envie d'être seul, pas envie de leur compassion, de leur gentillesse ou de leur pitié. Je veux juste qu'on me laisse seul avec mes fantômes.
Après dix minutes passées à sonner et brailler, mes cousins finissent par partir. J'envoie aussitôt un texto à ma mère histoire qu'elle n'appelle pas la police ou le SAMU.
"Je vais bien, pas la peine d'envoyer toute la famille sonner à la porte."

J'espère que ça sera assez clair. Je balance le téléphone portable sur la valise ouverte.

Le soleil se couche lentement au bout de la jetée, et je m'assieds sur le lit pour observer ceux qui vivent. Les touristes qui se dirigent vers les restaurants, les vieux qui rentrent regarder les informations et les jeunes qui préparent un pique-nique sur la plage.

J'en ai marre qu'on me pousse à être comme eux. Je reviendrai à la vie quand j'en aurais envie.
Quand je n'aurais plus le choix.
Quand je le pourrais...




[Rémy le Joyeux, remontage de moral et bonne humeur, pour vous servir...
Enfin bref, un texte, avec dedans le monsieur qui va pas très fort à cause de ça. Et ça se passe après ça aussi.
Ecrit direct sur blogger après une sieste, donc bah oui va y avoir des fautes. Tchuss.]

5 commentaires:

Jaja a dit…

J'aime beaucoup. Je n'ai jamais vécu ce genre de choses (et je ne suis pas pressée que ça m'arrive), mais je pense que c'est exactement ça qu'on doit ressentir.

En tout cas j'aime toujours autant ton style et tes personnages, et je ne comprendrai jamais comment tu fais pour écrire directement sur blogger... Bravo ma belle ^^

Nine a dit…

Merci Jaja pour m'avoir sauvée du suicide et de la dépression (ou l'inverse).
Poster un texte et ne pas avoir de commentaire, y a rien de pire (sauf peut-être les betteraves...) et si en plus ça t'a plu bah c'est bonus!

Silver a dit…

...

Ah ouais...

Remy est définitivement mon personnage favori je pense, avec Diego. J'aime les personnages extrêmement dramatiques en fait...

Le texte est vraiment bon et se marie juste bien avec la musique, c'est un vrai plaisir de te relire =) (et je penses que tu devrais le poster sur DA, je le trouve bien plus qu'abouti, moi. Na).

Après... ça me saoule parce que je t'ai promis un super commentaire et tout ça mais ce texte m'a tellement tué que je sais même pas comment développer un long commentaire dessus. Je vais quand même essayer... Dès les premiers mots... On sait que c'est Rémy et personne d'autre. Dans chaque phrase on est confronté à la situation de Rémy et on se sent proche de lui, surtout après avoir lu les deux autres textes le concernant... Je me sens vraiment proche de lui à chaque fois que je le découvre un peu plus dans tes textes et ça me fait un peu ça pour tous les personnages de 9 Lives, en fait...

Enfin voilà... j'aime quand tu écris, déjà rien que pour ton style unique, mais aussi pour le plaisir de retrouver ces personnages et de voir des pièces du puzzle s'assembler petit à petit.
Merci.

Spero a dit…

Ben moi je dis merci Rémy parce que ça me rend joyeux ce genre de texte. La raison, c'est tout con, en est que ça sonne juste.

Nine a dit…

Rémy sème la joie et l'amour, c'est bien connu. Merci Spero!