dimanche 17 février 2008

Intemporelle

La confrontation au regard des autres est une chose terrifiante. Le miroir de leurs yeux est autrement plus dur que celui de ta salle de bain.
C'est pour ça que le train de 17h56 est une épreuve. L'épreuve du miroir déformant.
Dans ce train, tu retrouves des gens que tu crois connaître et qui pensent te connaître. Chacun a une vision de l'autre totalement biaisée, relativement fausse ou juste partielle.
Alors tu es là, avec ces gens, tes gens, et tu ne sais plus quelle personne tu dois être:
Marine à 12 ans? Jogging, livres de science-fiction et cheveux teints?
Marine à 15 ans? Epanouie dans une classe qu'elle voit comme sa cour, cheveux longs et baggy?
Marine à 17 ans? Relativement éteinte, plongée dans sa musique, développant sa technique d'adaptation en milieu hostile?

Ne peux-tu pas être la même personne avec tout le monde? Ne peux-tu pas être avec Angelle comme tu es avec Maky, comme tu es avec Damien, comme tu es avec Charles, comme tu es avec Cécile, comme tu es avec Fabien, comme tu es quand tu es seule avec ce reflet?

Tu te dis parfois que c'est pour cette raison que tu aimes la musique. La musique s'adapte, la musique varie, la musique ne se ressent pas de la même façon selon qui l'écoute.

Quoiqu'il en soit, tu redeviens l'espace d'1h30 la collégienne, la lycéenne et la nantaise. Tu jongles avec tes personnages, tes anecdotes, tes souvenirs. Tu retrouves la peur de l'inconnu, la fierté de ce que tu es et la déprime du rejet.
Mais, paradoxalement, ils t'ont manqué. Et la transition est rude à Gare de Lyon. Tu n'as pas envie de les laisser partir mais tu as envie d'être seule, tu n'as pas envie de rentrer mais tu veux t'enterrer sous ta couette et y rester.

A un moment, il faut quand même larguer les amarres. Tu découvres ce que tu savais déjà: certains autres ne demandent même plus à te voir. Tu rentres dans le métro, et retrouves ton rôle de parisienne. Tu aides un mec paumé, tu t'adosses aux portes, tu grimpes les escaliers.
Tu émerges sur les Grands Boulevards. Pas de One Fudge aujourd'hui. Il y a de la brume sur Paris et tu rejoins ton appart en évitant de trop penser.
Tu arrives chez toi en ruminant déjà cet article et prends conscience de certaines choses.
Tu écris.


Et ce soir, pour la première fois depuis que tu as emménagé, tu te sens vraiment Perdue dans Paris.

5 commentaires:

Silver a dit…

Très beau texte... je n'ai pas grand chose à dire à propos, ça ne se commente pas réellement. Si ce n'est que je connais bien ce sentiment que tu évoques.

Anonyme a dit…

Quelle classe quand même, j'ai eu la chance (?) de te connaître avant tes 12 ans... Déjà à se faire remarquer à la toute première heure du collège, avec Sabatier en plus. Ça m'a marqué. ^^ Bon j'sais plus comment tu étais habillée par contre...
Enfin voilà qui me fait moins culpabiliser de t'avoir demander une possibilité d'incruste la dernière fois. Bon, je sais toujours pas ce qu'il en sera.
Et sinon, si, par le plus grand des hasard, tu as prévu une date pour un quelconque suicide, je veux bien t'accompagner. Y'a des jours où j'en aurais bien besoin... =P

Anonyme a dit…

N'est pas manipulatrice et calculatrice qui veut ^^

Nine a dit…

Hmm, et qui l'est alors?

Anonyme a dit…

Oops j'ai posté en anonyme sowwy ^^'